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La peste tue de nouveau à Madagascar

Le centre de Tananarive
Le centre de Tananarive

L’épidémie de peste prend de l’ampleur chez nos voisins malgaches. Démarrée début août, les premiers cas ont été officiellement signalés le 11 septembre. Ce 5 octobre, 30 décès ont été recensés.  La rentrée scolaire a été reportée le temps de désinfecter les écoles, et les gares routières sont sous surveillance. Des campagnes de nettoyage des déchets dans la capitale Tananarive sont aussi en cours. Mais le gouvernement est d’ors et déjà pointé du doigt pour la lenteur de sa  réaction face à la menace qui, pour l’instant, frappe essentiellement la capitale et la ville de Tamatave dans l’est, où la peste pulmonaire, particulièrement dangereuse et contagieuse, a été décelée en septembre.

Mercredi, le ministère de la santé malgache comptait en tout 169 cas et estimait que la propagation était maîtrisée, promettant de lutter contre…  » les rumeurs alarmistes » et de « sévir contre ce phénomène » rapporte le Quotidien de la Réunion. Un internaute ayant gonflé le nombre de morts sur sa page Facebook a d’ailleurs été interpellé par les autorités.

Rassurant il y a encore une semaine sur le sujet, le premier ministre a changé de ton cette semaine, estimant qu’il était désormais « difficile de parler de maîtrise » de l’épidémie de peste. Un euphémisme alors que mardi, l’OMS évoquait un « risque élevé de propagation au niveau national ». L’inquiétude se propage elle-aussi, et les pharmaciens sont pris d’assaut. Des traitements préventifs et des masques se trouvent même au marché noir.

300 000 dollars ont été débloqués par l’Organisation mondiale de la santé pour endiguer l’épidémie rapporte Le Monde. « L’OMS est préoccupée par le fait que la peste se répande car elle est déjà présente dans plusieurs villes et c’est seulement le début de la saison épidémique » explique un porte-parole de l’organisation. Toutefois, l’OMS écarte pour l’heure tout risque de propagation à l’international.

« Faible probabilité pour les touristes de contracter la peste »

De son côté, le Ministère des affaires étrangères ne déconseille pas pour autant de se rendre sur la Grande Île, mais émet des recommandations.

« Une épidémie de peste sous ses formes bubonique et pulmonaire sévit et se développe actuellement à Madagascar. Les autorités nationales, en liaison avec l’OMS, organisent la riposte. Il convient d’observer strictement les mesures de prévention et de rester très vigilant sur les signes cliniques de la maladie, et de consulter sans délai un médecin dès l’apparition de signes évocateurs.

Les symptômes généralement observés sont proches d’un syndrome grippal :

• Pour la peste bubonique : forte fièvre, inflammation de ganglion avec tension douloureuse des tissus (le ‘bubon’), altération importante de l’état général
• Pour la peste pulmonaire : fièvre, toux avec crachats rosés ou striés de sang, détresse respiratoire, douleurs et diarrhée possibles, dégradation rapide (<48h) de l’état respiratoire
Compte tenu de la faible probabilité pour les touristes de contracter la peste, il n’y a pas de mesure de prévention systématique hormis pour les personnes devant séjourner dans les lieux insalubres et/ou chez l’habitant dans des villages isolés des hauts plateaux. Il faut éviter tout contact avec des sujets malades et avec des rongeurs, vivants ou morts, et se protéger des piqûres de puces par des répulsifs cutanés « 

Aucun cas de propagation dans l’histoire de Madagascar

L’ARS Océan Indien se veut elle-aussi rassurante. « On est dans une situation à comparer aux situations antérieures, avec 400 personnes touchées en moyenne », explique le docteur FRançois CHièze, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire qui constate toutefois « une poussée plus forte cette année, avec une forme pulmonaire plus prédominante que les autres années. » Mais pour le médecin, les chiffres sont aussi à mettre en relation avec une meilleure transparence des autorités malgaches.
Pour lui, peu de risque que la maladie se propage. « Il n’y a aucun cas de propagation vers la Réunion, Mayotte ou la métropole, le dernier cas de peste était en Corse en 1945 et n’avait rien à voir avec Madagascar ».
En cause, les propriétés même de la maladie. Celle-ci se déclare en quelques heures, maximum trois jours, et n’est contagieuse qu’une fois les symptômes déclarés. Pour la forme pulmonaire, seule transmissible d’homme à homme « les symptômes sont bruyants, et invalidants ». Presque impossible donc pour un malade de rejoindre un moyen de transport sans être identifié comme porteur de la maladie, et encore moins d’arriver à destination sans montrer de symptômes. En outre, « l’OMS a versé beaucoup d’argent aux autorités pour créer des dispensaires sur tout le territoire », les antibiotiques à large spectre, efficaces, sont disponibles gratuitement, donc un malade n’a aucune raison de tenter une traversée en Kwassa sanitaire. « La durée de la traversée ne permettrait pas d’arriver indemne » appuie le médecin.
Enfin, les zones touchées, essentiellement les hauts plateaux et endroits insalubres sont peu fréquentés par les touristes. Le risque d’être exposé à la Peste en se rendant à Madagascar pour des vacances est quasi nul. « La peste est rare sur le bord de mer ».
Pour autant, l’ARS se dit vigilante et informe en permanence les autorités réunionnaises et mahoraises pour identifier un éventuel malade qui arriverait sur le territoire.
Le décès d’un entraîneur de la COI a ramené cette maladie « historiquement impressionnante » sur le devant de la scène médiatique. Les joueurs de retour à Mayotte ont vu un médecin à Madagascar et à Mayotte et vont tous bien.

Y.D.

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