Créé en 2015, le diplôme universitaire « Valeurs de la République et Islam », devenu cette année « Valeurs et de la République et Religions », a déjà fait du chemin. Dans le contenu d’abord, puisque de l’islam seul, la formation a intégré toutes les religions principales de France. Un pasteur est ainsi appelé à enseigner au cours de l’année qui commence. Celui de la légitimité ensuite. L’année dernière, 19 étudiants, pour la plupart des cadis et greffiers de cadis ont suivi la formation. 16 ont passé les examens et 8 ont été diplômés. Car la légitimité de ce DU repose aussi sur les attentes. « Il d’agit d’un diplôme universitaire, sans condition d’entrée mais avec des exigences élevées, explique Aurélien Siri, le directeur du CUFR où est dispensée la formation. Et si tout le monde ne réussit pas, ce n’est pas grave. Certains n’ont pas eu la moyenne l’année dernière, mais ont réussi cette année. « C’est beau, comme démarche, de venir se former, surtout quand on n’a pas un bon niveau de français, qui est le vecteur de communication » souligne encore le directeur du centre universitaire de Mayotte.
Mais au delà de la seule et légitime fierté des récipiendaires, ces diplômes remis ce samedi sont aussi la fierté de tous ceux qui ont oeuvré à la création de cette formation, et cru à la compatibilité entre la République et l’Islam à Mayotte. « Dans un contexte national tourmenté, la lutte contre tous les extrémismes doit être une priorité. Ce diplôme universitaire est une pierre qui doit nous permettre de construire ensemble la maison commune qu’est la République » poursuit le directeur.
Un exemple pour la République
Une position confortée par Issa Issa Abdou, vice président au conseil départemental. « La laïcité et l’islam, c’est compatible. C’est possible. L’islam de Mayotte est un islam de paix et il a la modeste ambition d’être un exemple pour la République. Ce que font les Cadis est exemplaire, il faut tordre le cou à certaines idées reçues et faire en sorte que la paix revienne sur ce territoire. »
Pour Laurent Sabatier, président du tribunal de grande instance de Mamoudzou, « on est au délà de la phase de consolidation de ce DU, sa légitimité est acquise. Nous avons eu des Cadis, des maîtres coraniques, des professeurs, des citoyens. » Cela montre pour lui « la coexistence entre les valeurs de la République et la diversité culturelle. Si la laïcité est le coeur de la République, la diversité en est le corps ».
Fraîchement diplômé, Younoussa M’Kadara travaille avec les Cadis au conseil départemental. « On est obligé de connaître les lois, il faut être au courant de ce qui se passe pour préparer l’avenir, sourit-il, diplôme en main. J’ai été professeur d’arabe, puis assistant de Cadi, on est éducateurs, pour moi c’était indispensable d’avoir ce diplôme. »
Ce mois d’octobre marque le début de la troisième promotion de cette formation. Une formation « ouverte à tous, sans condition de diplôme, et pour laquelle il reste encore quelques places » conclut le directeur de l’Université. Un appel du pied, pour se former clé en main.
Yohann DELEU