Depuis 4 semaines de conflit, aucune négociation n’avait été entreprise du côté de la direction de la Colas, incitant le préfet de Mayotte, Frédéric Veau, à convoquer les parties à se rencontrer à la Direction du Travail ce mercredi.
Etaient conviés les Délégués CGT Ma, seul syndicat de l’entreprise à avoir appelé à la grève, le CFE CGC, la direction de l’entreprise Colas, représentée par deux Directeurs des Ressources Humaines, local et de l’océan Indien, ainsi que le président du Medef et le directeur de la Dieccte (Direction du travail).
Difficile d’envisager une première rencontre sereine, avec d’un côté des grévistes qui n’ont jamais pu exposer leurs revendications en face à face avec leur direction, qui, de son côté, a fait connaître son exaspération du blocage de l’entrée du site de Kawéni en déposant plainte. Un jugement livré la semaine dernière qui impose de libérer l’accès au travail pour les salariés non grévistes. Mais un camion était aussitôt mis en place le week-end dernier devant chacun des portails pour toute réponse.
Revendications à la baisse
La direction fait de la levée de ces blocus tout préalable à la négociation, « ils demandent de rouvrir les portails, de remettre le courant, tout ce qui pourra rétablir la paix sociale », explique au JDM Moussa Ben Youssouf, Délégué syndical CGT Ma, qui a assisté aux négociations.
La Direction du travail de son côté a demandé aux syndicalistes de revoir leurs prétentions à la baisse, mais s’en s’assurer d’un possible accord ensuite de la direction. « Nous avons diminué considérablement toutes nos revendications : d’une hausse initiale de salaire de 300 euros mensuels, nous sommes passés à 50 euros, la prime salissure de 3 euros supplémentaires par jour à 1,50 euro, pareil pour les tickets restaurant et nous ne demandons plus que 50 centimes de hausse au lieu de 3,10 euros de prime de transport. »
« C’est nous la richesse de cette entreprise »
Mais la direction n’aurait pas bougé d’un iota, plongeant les syndicalistes dans un double embarras : « Du coup, nous sommes en porte-à-faux avec les salariés qui nous reproche d’avoir trop lâché ! Tant pis, nous remontons nos prétentions »… retour à la case départ. Avec une amertume supplémentaire, « ils se plaignent qu’internet est coupé sur les 3 sites, ETPC, Colas Centre Route et Colas Centre Bâtiment, et réclament le retour à la normale pour pouvoir calculer l’impact de nos revendications. Mais ça fait 4 semaines qu’ils auraient pu le faire. Ils nous prennent pour des imbéciles ! »
Devant le portail de la Colas, un presque retraité nous montre sa main où il manque 2 doigts : « Je les ai perdus à la menuiserie de Colas où je gagne 1.100 euros par mois. Je suis rentré dans l’entreprise comme magasinier, j’avais 15 ans. C’est nous la richesse de cette entreprise. »
Quant à l’incendie du camion, Moussa Ben Youssouf assure ne pas en savoir plus, « nous nous désolidarisons de ce geste », indique-t-il. Voilà en tout cas qui ne va pas pacifier l’ambiance de la nouvelle rencontre prévue mardi prochain à la Dieccte.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte