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Moroni: Les gendarmes répriment dans la violence et à balles réelles une manifestation de lycéens

Des violences policières contre des lycéens (Capture d'écran Comores-infos.com)
Des violences policières contre des lycéens (Capture d’écran Comores-infos.net)

«Ce n’est plus humain. Un jeune lycéen a été sauvagement battu par la gendarmerie». Le site Comores-infos relayait hier, lundi après-midi, les vives tensions aux abords du lycée Saïd Mohamed Cheik de Moroni, la capitale comorienne. Sur le site, il y avait les mots, «violence gratuite», et les images. Une vidéo montrait en effet in passage à tabac particulièrement violent et effectivement, visiblement gratuit.

La scène se passe à l’arrière d’un pick-up. Ceux qui frappent sont les forces de sécurité. La victime est présentée comme un jeune lycéen, ce que la vidéo ne permet pas de confirmer.

Comores infos Plusieurs lycéens blessés 2Quoi qu’il en soit, la scène est effectivement choquante et montre la très grande liberté dont jouissent les forces de l’ordre comoriennes, y compris dans la disproportion de la réponse à apporter face à des manifestants.

Toujours selon ce site, les gendarmes ont également tiré à balles réelles sur les lycéens. Au moins 4 d’entre eux auraient été blessés par les tirs et évacués vers l’hôpital El Maarouf de Moroni.
L’un de ces jeunes a dans un premier temps été annoncé entre la vie et la mort, après avoir été touché «dans le ventre». Opéré en urgence, les radios locales donnaient de ses nouvelles plus tard dans l’après-midi. Son pronostic vital n’était finalement pas engagé.

On ne connaît pas encore précisément le déroulement de ces événements. Des radios de Moroni indiquaient que les incidents auraient débuté au moment où les forces de l’ordre intervenaient à l’intérieur du lycée Saïd Mohamed Cheick pour tenter «d’immobiliser» le proviseur. Des lycéens se seraient alors interposés «pour le défendre».

Voici la vidéo présentée par Comores-infos :

Des mesures contre l’absentéisme des profs

Ces tensions interviennent quelques jours après l’annonce par le ministre de l’Education et de l’Enseignement de deux grandes réformes, envisagées pour la prochaine rentrée scolaire. L’une d’elle s’attaque directement au comportement des professeurs qui se montrent parfois quelque peu distants des missions qui sont les leurs.

L’objectif officiel du gouvernement est «d’améliorer la qualité de l’éducation et parvenir à rehausser le taux de réussite aux examens nationaux». En réalité, la volonté est de séparer de façon plus nette les établissements publics et privés. Jusqu’à présent, les enseignants peuvent exercer dans plusieurs établissements mais la qualité de l’enseignement prodigué ne serait pas toujours le même, dans le service public ou les écoles privées.

Capture d'écran Comores-infos.net
Capture d’écran Comores-infos.net

Le ministère veut remettre de l’ordre dans ce système pas très sain. Officiellement aux Comores, on dit vouloir ramener une «gestion raisonnable des ressources humaines».
«Chaque professeur aura à choisir entre le privé et le public. Pas question d’enseigner dans les deux secteurs», tranchait le ministre Abdou Mhoumadi, devant la presse comorienne. Des mesures, qui ne sont pas décidées, devraient peser sur les enseignants qui choisiront de quitter le public vers le privé.

Des filières calées sur l’international

Si cette proposition est approuvée par le Conseil des ministres, elle devrait être appliquée dès la rentrée 2017-2018. L’objectif réel est aussi de mettre fin à l’absentéisme des professeurs, particulièrement dans le public, et de rationaliser le marché de l’emploi par le recrutement de nouveaux enseignants. Une charte devrait également réglementer et harmoniser le fonctionnement des écoles privées.
Aux Comores, public et privé se partagent à peu près équitablement les effectifs d’élèves.

L’autre grande réforme envisagée concerne l’harmonisation des programmes et l’organisation scolaires et universitaires pour qu’ils s’alignent sur ceux des pays qui accueillent les étudiants comoriens. Ainsi, pour le bac, les différentes filières scientifiques devraient fusionner pour s’apparenter à la filière S française, avec des options «médecine», «biologie» ou «écologie» au choix des lycéens.

«Nos enfants partent étudier à l’étranger. Il faut que notre programme scolaire, surtout notre baccalauréat soit limpide et conforme à celui des autres pays du monde», a fait valoir le ministre. Là encore, les choses devraient aller très vite.

Le climat scolaire et universitaire pourrait cependant être fortement alourdi par les événements de ce lundi. On devrait y voir plus clair dans la journée quant aux circonstances des ces tensions.

RR
www.lejournaldemayotte.com

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