Depuis le 6 décembre le rapport de force entre les salariés syndiqués CGT et CFDT, aura été constant. Ce mardi, un protocole de fin de conflit leur a été transmis par Me Kamardine, l’avocat du co-gérant Safdar Ballou. Qu’ils accueillent froidement : « Le récapitulatif des faits est rédigé à la manière d’un avocat, avec une série de ‘Vu’, qui nous fait endosser le mauvais rôle », déplore El-Anis Saidi, Délégué CGT Mayotte.
« Vu les multiples réunions internes avec le Directeur Administratif et Financier de Ballou Centre n’ayant donné aucune issue à un terme malgré la présence des syndicats,
Vu La réunion officielle en présence et sous l’autorité de la Dieccte et en présence du Conseil de Ballou Maître Kamardine n’ayant pas abouti »… etc. la liste des échecs est longue… 11 points.
A sa lecture, on note l’exclusion de certains acquis, au motif que le conflit a mis l’entreprise en difficulté : « La prime de 200 euros a été enlevée, et la négociation de la grille salariale n’est envisagée que dans le cadre de la nouvelle structure qui remplacera Ballou Centre. »
Contexte à l’avantage des salariés
On peut comprendre que plus de deux mois de fermeture ait touché les comptes de l’entreprise, si l’on exclut les importations de ciment et de bois qui auraient continué.
Le conflit intervient dans un contexte qui n’était si défavorable aux salariés puisque Safdar Ballou a entrepris de racheter les parts de son frère, Mehboub, qui avait tenu des propos plus que désobligeant envers les salariés, et que la Direction du travail avait noté les manquements aux code du travail, permettant de satisfaire 9 des 14 points de revendication.
Un nouvel ultimatum a été fixé par la direction au vendredi 17 février, mais les salariés l’anticipent : « Nous refusons catégoriquement ces propositions à la baisse. » Ils demandent une nouvelle table de négociation afin de discuter en direct, notamment sur les conditions de reprise du travail, « par exemple l’étalement du prélèvement de nos journées grevées sur les mois à venir. » La précédente réunion en janvier n’avait pas été concluante, alors que les propositions étaient plus avantageuses.
Chacun défend son pré-carré : « Il nous demande de nous engager à ne pas prendre de congés en période d’affluence, nous sommes d’accord, à condition qu’il fasse lui aussi un geste en direction des chèques déjeuner par exemple. »
Un fléchissement de la tension est palpable, mais le climat reste fragile au sein de l’entreprise qui compte une cinquantaine de salariés.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte