28.8 C
Mamoudzou
mardi 28 janvier 2025

Agression au couteau: Légèreté des paroles du prévenu face à la gravité de l'acte

Salle d'audience code pénal sur le bureau du président« Je reconnais. Bien sûr que je suis responsable »… Ce n’est pas un petit délinquant qui est à la barre, ni un de ces nombreux jeunes qui errent sur des bancs publics : Daniel F. a un Bac pro en poche, un stage dans une entreprise de sécurité, et la volonté de l’intégrer un jour.

Le président Sabatier lui demande de revenir lui même sur le déroulé de cette journée. « C.A. m’a accusé d’avoir frappé son chien, alors que je n’ai fait que le repousser du pied parce qu’il sautait sans arrêt sur ma jambe. Il est venu me voir agressivement, on s’est battu à mains nues. Lorsque je suis allé chez lui, il est allé chercher une hache, et a frappé un pote qui s’interposait. J’ai alors sorti un couteau que j’avais pris avant de monter le voir. » Et là, il assène plusieurs coups dans l’abdomen de son vis à vis de 17 ans.

Le président Sabatier est aussi attaché à la valeur pédagogique de l’audience qu’à la sanction : « Vous avez frôlé le meurtre et la cour d’Assises. Vous avez eu de la chance que le juge n’ait pas retenu l’intention de tuer ! » Surtout qu’au moment de frapper, la victime avait déjà lâché sa hache, désarmé par les témoins.

Il le laisse les intestins à l’air

Me Saïdal
Me Saïdal reprochait une légèreté de paroles du prévenus

Pas de légitime défense donc, et une certaine lucidité dans l’action, « vous expliquez en garde à vue avoir laissé le doigt sur la lame pour qu’elle ne s’enfonce pas trop », relève la substitut du procureur. C’est l’aspect intentionnel d’un geste qui aurait pu être meurtrier qui conditionnera le verdict. Défenseur de la partie civile, Me Saïdal, enfonce donc le clou : « Si vous ne vouliez pas le tuer, pourquoi être revenu chez lui plusieurs fois et avoir frappé à trois reprises ?! Et vous repartez sans vous inquiéter de son état… »

Et pourtant, la victime a bien les intestins à l’air, décrira son avocat, « il en fera un malaise et de retrouvera la mémoire que quelques jours plus tard, et bénéficiera de 33 jours d’arrêt de travail. »

« Comment pensiez-vous intégrer une profession d’agent de sécurité qui demande des compétences techniques et morales ?! », s’enquiert le président face à l’air perdu du prévenu. « C’est ça le problème ! », répètera-t-il à plusieurs reprises. Repris par une assesseur : « C’est ça le problème ? Pas les blessures ! »

Multiplication des atteintes aux personnesBarre tribunal

Me Saïdal s’y engouffre : « Notez la légèreté de ces paroles ! Alors que mon client a les intestins à l’air libre, ce qui lui laisse une cicatrice à vie, lui ne pense qu’à son casier judiciaire ! » Il demandera 15.000 euros de préjudice.

Pour la substitut du procureur, c’est un dossier de violence de plus, « entre 2012 et 2015, les atteintes aux personnes ont cru de 39%, pour des stup, des rivalités entre bandes, ou même un simple regard. » Le caractère intentionnel ne fait aucun doute pour elle, « il se rend chez la victime à plusieurs reprises, plante le couteau jusqu’à éviscération, la technique maîtrisée. » Elle demande 18 mois d’emprisonnement dont 6 avec sursis.

Me Andjilani avait bien peu de marge de manœuvre pour défendre son client. Il impliquait la victime, « Il  a commencé. Il va comparaître au tribunal pour enfant pour avoir quand même donné deux coups de hache et pour des faits de violence contre mon client. »

Après un long moment de délibération, le tribunal décidait d’ordonner 12 mois de prison dont 4 avec sursis, et 8 mois ferme aménageables. Il y aura renvoi sur intérêt civil le 1er février. Sa peine sera bien inscrite sur son casier judiciaire. Il devra indemniser la victime pour ses frais de justice.

A.P-L.
Le Journal de Mayotte

Partagez l'article:

Société

NEWSLETTER

Recevez gratuitement les articles

du Journal De Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link].

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Education : La rentrée repoussée au collège de Kwalé

Une semaine après l’arrivée de centaines d’exilés au collège de Kwalé à Tsoundzou 1, la situation n’a pas changé, résultat la rentrée n’a pas eu lieu et aucune date n'a pour le moment été définie.

Education : La CGT Educ’action Mayotte interpelle la ministre Elisabeth Borne

Alors que la rentrée scolaire vient enfin d’avoir lieu, en mode dégradé, pour la majorité des élèves mahorais, le syndicat CGT Educ’action Mayotte appelle à un mouvement de grève dénonçant notamment les conditions dans lesquelles se déroule cette rentrée. Son secrétaire général, Bruno Dezile, a adressé une lettre dans ce sens ce mardi à Elisabeth Borne.

Les prestations vieillesse revalorisées, mais sans rattrapage vers le niveau national

Encore un domaine où la convergence avec le reste de la nation se fait trop longtemps attendre. Les prestations vieillesse sont toujours très inférieures au droit commun comme le montre le dernier communiqué de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM).
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com