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Mamoudzou

Vers une crise de l’eau à Mayotte

La retenue collinaire de Dzoumogné fin 2013
La retenue collinaire de Dzoumogné fin 2013, à un niveau très faible

Incontestablement, nos saisons sèches se transforment. Alors que durant ces périodes, des averses venaient régulièrement arroser des parties du territoire, depuis quelques années, elles évoluent en de longues périodes quasiment dépourvues de pluies.

Le JDM avait tiré la sonnette d’alarme pour le mois de juin. Il n’était tombé que 4mm à Mamoudzou, 11mm à Mzouazia et 33mm à Mtsamboro, une situation très déficitaire, proche des niveaux de pluies historiquement faibles., selon les données de Météo France.
Le mois de juillet établi un record avec seulement 2mm tombés à Mtsamboro (contre 18,8mm pour les normales) et même 0,6mm à Pamandzi (contre 10,6mm en moyenne sur le mois), autrement dit exactement 3 gouttes, donc rien.

Et août ne s’annonce guère mieux. Alors que nous sommes au milieu du mois, Mtsamboro n’a reçu que 5,2mm de pluie (la normale pour tout le mois d’août est de 37,9mm). Pamandzi s’en sort un peu mieux avec 10mm (contre 12mm pour les normales du mois entier).

Des records de consommation

Conséquence, les retenues collinaires commencent à se vider, ce qui est normal pour la saison, mais le rythme est déjà très important. Et ce qui inquiète, c’est que la saison humide pourrait commencer plus tard que d’habitude, peut-être comme l’an dernier, vers le mois de janvier. Autrement dit, la tension sur la quantité d’eau disponible va être particulièrement forte, probablement dès la fin du mois de novembre.

ARS Qualité de l'eau du robinet eau robinetCar dans le même temps, la consommation d’eau à Mayotte vole de record en record. Elle a augmenté de 19% sur les 5 dernières années. «Après avoir enregistré une hausse de 4,3% en 2014, la consommation s’accélère encore en 2015», note l’IDEOM dans son dernier rapport annuel. L’an dernier, nous avons consommé 8,4% d’eau en plus par rapport à 2014.

Le nombre d’abonnés progresse de 3% pour atteindre 38.873, et la consommation moyenne par abonné ne cesse elle aussi de grimper. En 2015, elle était estimée à 206m3… un niveau supérieur à la consommation métropolitaine par abonné, qui est de 160m3, mais qui s’explique : chez nous, un compteur alimente souvent plusieurs familles.

Les particuliers consomment beaucoup

Et lorsqu’on parle des enjeux de l’eau, à Mayotte, nous sommes tous en première ligne. Car, les industries sont rares et donc faiblement consommatrices (3,7% du total). De même, les services publics (3,9% de la consommation), les municipalités (2,3%), les restaurants (0,6%) ou les mosquées (0,7%), affichent des consommations en eau relativement faible. Ce sont donc bien les particuliers, chacun de nous avec notre utilisation domestique, qui représentons 87,3% de l’eau consommée à Mayotte*.

Pénuries d’un côté, record de consommation de l’autre… Cette évolution n’est pas tenable sur le long terme avec un changement annoncé des conditions pluviométriques sur notre île, liées au niño, à la niña, et surtout au changement climatique dont les effets sont aujourd’hui clairement analysables y compris chez nous: Des saisons sèches plus sèches, comme c’est le cas cette année, et des saisons humides toujours aussi arrosées mais sur une durée plus courte et avec un début plus tardif.

Une situation de crise à venir

logo-SIEAMActuellement pour alimenter la population mahoraise en eau, le SIEAM (syndicat des eaux et de l’assainissement) dispose de 15 forages (18,9% de la production en 2014), d’une usine de dessalement d’eau de mer en Petite Terre (3,3%) et de 6 stations de traitement d’eau douce par lesquelles passent les eaux des deux retenues collinaires de Combani et Dzoumogné… A condition qu’elles soient suffisamment remplies pour être en mesure de fournir la quantité d’eau nécessaire à notre alimentation.

L’an dernier, des pompes avaient été louées pour mettre ne place un grand basculement des eaux du nord vers le sud. La pluie était finalement tombée et avait interrompu la manœuvre. Il en sera peut-être à nouveau question cette année, au même titre que l’importation massive d’eau en bouteille. Les prochains mois s’annoncent comme une répétition grandeur nature d’une situation appelée à devenir la norme au cours du siècle.

RR
www.jdm2021.alter6.com

*Données: IEDOM/SIEAM

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