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La Réunion: Une tête de cochon déposée devant le commerce d'un musulman

Un acte commis au Tampon au sud ouest de La Réunion
Un acte commis au Tampon au sud ouest de La Réunion

C’est un geste qui fait écho à un fait divers qui a marqué l’actualité mahoraise. Vendredi matin, un coiffeur de confession musulmane a trouvé une tête de cochon devant son commerce, situé à Trois-Mares (Commune du Tampon). Il a porté plainte.

«C’est peut-être juste un simple acte de jalousie, juste pour m’impressionner. Mais quand même, mettre une tête de cochon devant la porte d’un musulman, ça ne se fait pas. Tout le monde connaît ma religion. Alors oui, je me sens insulté et je suis en colère». Commerçant dans le centre de Trois-Mares, Salime Boinali n’avait pas perdu le sourire pour ses clients samedi. Pour autant, il a tenu à dénoncer avec vigueur l’acte dont il a été victime dans la nuit de jeudi à vendredi.

Vendredi matin, en ouvrant son échoppe située rue Charles-Baudelaire, juste en face de la mairie annexe, ce Tamponnais a donc eu la désagréable surprise de retrouver plusieurs signes de vandalisme, comme le banc situé à l’extérieur du salon, et qui sert aux clients qui attendent, qui a été souillé d’huile. «C’est rentré dans la pierre et ça ne part pas, c’est dégueulasse, pointe le gérant. Ils avaient aussi bouché ma serrure». En revanche, aucun message haineux à l’encontre de l’islam n’a été relevé par la victime comme par les gendarmes, venus procéder à des constatations dès hier matin.

Les élus dénoncent, la justice pondère

Sans vouloir «en faire une affaire», Salime Boinali se dit d’autant plus choqué qu’il ne se connaît pas d’ennemi. «J’ai deux salons qui marchent bien. Donc, ça suscite peut-être des rancœurs, commente l’homme de 38 ans, coiffeur depuis 2 ans après avoir tenu un snack au même endroit. J’ai eu un litige avec un employé dernièrement mais je ne le crois pas capable de ça».

Sans vouloir en faire une affaire, Salime Boinali dit se sentir insulté
Sans vouloir en faire une affaire, Salime Boinali dit se sentir insulté

Quels que soient les motifs de ce geste, il n’en reste pas moins troublant. D’où la plainte déposée par la victime et l’émotion provoquée. La communauté musulmane a rapidement réagi, apportant son soutien au commerçant. De nombreux clients sont aussi venus lui montrer des signes de compassion et ne cachaient pas leur indignation. Également alertée, la mairie a d’emblée apporté son aide en venant s’occuper du nettoyage aux abords du commerce.

Un acte contraventionnel ?

Plusieurs élus se sont ensuite manifestés auprès de Salime Boinali et le maire, André Thien-Ah-Koon a vivement dénoncé cet acte: «On ne sait pas encore s’il s’agit d’un geste préparé ou simplement stupide. Mais quoi qu’il en soit, cela va à l’encontre des valeurs républicaines et relève de la bêtise. Le Tampon n’a jamais connu de tels actes auparavant et il est hors de question de laisser passer».

Du côté de la justice, on se montre plus pondéré. Vendredi soir, le parquet de Saint-Pierre indiquait que l’enquête était ouverte pour «dépôt d’ordures dans un lieu non autorisé», soit une infraction contraventionnelle, et non pour le délit de «provocation à la haine en raison de la religion», comme ce fut le cas à Mayotte.
De fait, le parallèle avec l’affaire de la tête de cochon déposée devant une mosquée, le 1er janvier 2014 à Labattoir, était dans tous les esprits à La Réunion. En l’occurrence, ce geste avait conduit à un procès devant le tribunal correctionnel.

Ne pas donner trop d’importance à ce geste

«Mais nous sommes dans un cas différent, estime le vice-procureur Martin Genêt, en charge du dossier. À Mayotte, le fait que ce soit devant un édifice religieux pouvait constituer un message. Mais ici, il n’y a aucune inscription ou élément formel qui peuvent permettre d’établir une provocation à l’égard d’une religion. En revanche, il est évident que, si le ou les suspects qui venaient à être interpellés exprimaient des idées en ce sens, la qualification sera revue».

Sur place, il semblait également évident que la justice ne souhaitait pas donner de l’importance à un acte isolé et inconsidéré. Conséquence que beaucoup souhaitent éviter dans cette période sensible et alors que la Réunion semble plutôt épargnée par certaines crispations identitaires. D’autant que la victime lui-même tempère.

RR, le JDM
Avec le JIR.

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