Alors que la saison des mariages bat son plein dans notre île, pas un weekend ne passe sans un manzaraka à honorer. Que l’on soit du côté de la mariée ou du côté des mariés, on est invité à un mariage et cela a un coût que certains dénoncent de plus en plus ouvertement, à commencer sur internet. «Trop cher», le manzaraka, en pleine vogue, subit des critiques de plus en plus virulentes.
Il faut dire que le manzaraka, et son rituel très coûteux, a été adopté par toute l’île relativement récemment. Auparavant, il se pratiquait essentiellement à Sada, Tsingoni, Boueni, Mzouazia, Mbouanatsa. Le principe est issu d’une pratique ancienne qui consiste à amener la mariée au sein de la communauté des femmes.
Elle arrive cachée sous un voile et sa belle-mère a le privilège de lever ce voile moyennant une somme qui, pendant longtemps, pouvait être symbolique. Mais aujourd’hui, le symbole a parfois laissé la place à des liasses de billets et, désormais, certaines belles-mères sortent jusqu’à 10.000 euros pour soulever le voile qui couvre la belle mariée. Et ce n’est là que le début des enchères.
Jusqu’à 50.000€ pour certaines mariées
Les belles-soeurs aussi sortent parfois des sommes faramineuses pour celle que leur frère s’est choisie comme épouse.
Et puis, c’est autour des invitées de débourser, elles-aussi. Chaque tapis dressé par terre, porte le nom d’une personne qui en invite d’autres à venir manger pour ces festivités et à prendre part à la marche nuptiale avec le marié… Mais le repas n’est pas gratuit et à la fin, il faut bel et bien participer financièrement. Actuellement, la norme est une somme minimale de 20 euros, même s’il n’y a aucune règle officielle.
Au final, certaines mariées peuvent empocher jusqu’à… 50.000 euros le jour de leur manzaraka, si la famille du marié a été généreuse… Une somme d’autant plus importante que les «cotisations familiales», qui contribuent également à gonfler la masse d’argent en jeu, peuvent aller jusqu’à 1.000 euros par personne.
Les familles sollicitées de toute part
Cependant, les invités ne partent pas les mains vides non plus. Ils quittent cette journée les bras quasiment aussi chargés que s’ils venaient de faire les courses, avec énormément de sodas, mais aussi des repas complets. Pour faciliter les choses, des sacs plastiques sont distribués pour que les invités puissent amener les restes à la maison.
Face à une telle débauche d’argent, des voix tentent de faire entendre des critiques. «Et si je ne veux pas de manzaraka, comment pourrais-je récupérer ma cotisation», a demandé Mariame à sa famille lors d’une énième réunion pour préparer le mariage d’une de ses cousines. Elle s’interroge sur le montant de la cotisation qu’elle trouve exorbitant. «Est-ce qu’on va me rembourser tout ce que j’ai sorti si je ne fais pas de manzaraka?» La famille n’a pas compris le sens de la question. «Nous ne sommes pas une association. Tu récupéreras d’une autre manière ou dans d’autres occasions. On ne cotise pas que pour les mariages».
Le mariage, une institution solide
Une réponse qui l’a laissée perplexe: «Je ne comprends pas cette manière de raisonner» se désole cette trentenaire. Mais aller contre les manzarakas est, à l’heure actuelle, un combat presque perdu d’avance.
Le mariage est un business toujours plus florissant à Mayotte avec de nouvelles pratiques qui apparaissent sans cesse, faisant grimper d’autant la facture finale. Dernière nouveauté en date, les chapiteaux climatisés pour accueillir la famille du marié.
Malgré tout, le mariage reste une institution solidement ancrée dans la société mahoraise, à tel point que certaines communes annoncent qu’il n’y a plus de jour disponible pour les festivités de mariages jusqu’en… 2018! Les associations de femmes, pratiquant le mbiwi sont, elles aussi, déjà réservées pour toute l’année 2017.
K.A
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