Soulaimana Boura, l’actuel maire, avait répondu en 2014 au programme national de revitalisation des Centre-bourgs : « Sur 350 dossiers, seul Bandraboua a été retenu pour Mayotte. » Il faut dire qu’il héritait lors de son élection, d’une mairie particulièrement bien gérée, dont le budget n’avait pas été soumis à la Chambre régionale des Comptes.
« La revitalisation d’un centre-bourg doit s’inscrire dans un projet de développement durable du territoire », souligne le programme. Il est d’un niveau supérieur à l’ANRU, avec un budget conséquent : « 9 millions d’euros, avec une coparticipation de la commune. Mais pour que ce soit financièrement supportable, j’ai découpé le projet en tranches », explique le maire.
La première, de 400.000 euros est destinée au financement des études, « nous apportons 20%. » La phase d’ouverture des plis pour l’assistance à maîtrise d’ouvrage est en cours.
« Un quartier touristique d’excellence »
Il s’agit de bâtir un grand marché couvert de deux étages, « situé vraisemblablement à Dzoumogné où se trouve le marché actuel », et qui réunira 200 commerçants, vendeurs de fripes, de primeurs, etc.
Autour de ce centre commercial, c’est tout l’aménagement du quartier qu’il va falloir revoir : « Il faut harmoniser les façades, créer des ruelles, encourager l’accès à l’eau et à l’assainissement. Mais aussi, permettre aux jeunes d’avoir la possibilité de bénéficier des locaux pour se lancer dans entrepreneuriat individuel. Mgouedajou doit devenir un quartier touristique d’excellence », se prend à rêver Soulaimana Boura.
Pour lui donner raison, on pourra que souligner l’absence de déchets le long de la route principale à Bandraboua, quelques plantations devant des maisons repeintes… Quelque chose qui trahit la volonté de maintenir le village en état.
Le projet Centre-bourg doit impérativement être terminé avant la fin de sa mandature, en 2020, « la prochaine étape est le lancement du concours d’architecture en juillet. »
Demande de rétrocession du terrain
Un autre projet a été lancé sur la commune, le terrain de football de Bandraboua, mais en attente. Pourtant la phase 1 a été réceptionnée. Il fait partie des projets qui étaient en cours lorsque le SMIAM, le Syndicat Mixte d’Investissement et d’aménagement de Mayotte, a été dissout par le préfet le 1er novembre 2014.
Tout a donc été figé, le personnel mis à disposition par les communes leur a été réattribué, mais pas les projets en cours et le foncier engagé. Le bilan de l’actif et du passif du syndicat devait être fait par des liquidateurs, qui ont démissionné devant le peu de contribution des maires, selon leurs dires.
La Chambre régionale des comptes avait pourtant inscrit prés de 12 millions d’euros pour effectuer des régularisations des opérations foncières qui n’ont pas été réalisées en 2015, « qu’il faut donc réinscrire en 2016 », préconise la Chambre dans son dernier rapport.
Mais Soulaimana Boura, lui, voudrait bien récupérer son autonomie de gestion, « les habitants pensent que je freine ce projet. Je ne demande qu’une délibération du conseil départemental et du SMIAM, pour que le terrain de foot me soit rétrocédé. »
Ni toilettes, ni vestiaires
Il s’est même rendu au ministère des Outre-mer à ce sujet, « je demande une dérogation, car les installations se détériorent. La Fédération française de Football me reproche de ne pas organiser de tournoi, mais il n’y a ni toilettes, ni vestiaire, ni tribunes, pas plus que de maitrise des eaux pluviales ! »
Surtout qu’avec le temps, le mode de financement a changé. Financé au départ par un Fonds Intercommunal de péréquation qui n’existe plus, il va falloir le repenser : « L’Etat m’a demandé de trouver une alternative. »
A l’heure où la commande publique est en berne, le cas de Bandraboua ne peut pas laisser indifférent, et que les élus trouvent rapidement une solution collectivement à ce SMIAM, toujours entre la vie et la mort.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte