Autres temps, autres méthodes: ce n’est pas le préfet qui présentait sa dream team, mais le SGAR qui développait de lui-même ses axes de travail.
Cet ancien enseignant, formateur au CREPS puis Inspecteur Jeunesse et sports, a occupé trois postes de sous-préfets d’arrondissement avant de poser son sac sur notre île: la Nièvre, la Martinique et Vichy. Jean Almazan avance deux prédispositions: «J’aime le travail de proximité, et accompagner la création d’activité économique.»
Il a le contact facile, direct: «Je vous parlerai dans une transparence totale.» Le poste de SGAR à Mayotte a souffert de ces amitiés intéressées, qui bénéficiaient facilement de lignes sur les contrats de projets ou de diverses subventions. Avec les fonds européens, arrive la rigueur européenne, et les projets qui avaient bénéficié d’aides considérables, ne s’avèrent pas si structurés que ça, les privant de consommer du FEDER (Fonds européen de développement économique et régional).
Et le sous-préfet transparent assène immédiatement: «Nous en sommes à 14% d’engagement sur le FEDER et 4,5% sur le FSE (social), là où l’Europe en demande 26% en 2016.» Il ne pouvait en être autrement sur un territoire si peu structuré, livré à l’Europe avant même d’avoir bouclé une départementalisation. Il l’avoue, le rattrapage va être difficile, «même si on passe la surmultipliée.»
Changer d’appâts pour fiabiliser les projets
Il ne veut pas s’étendre sur les déboires de son prédécesseur, reparti précipitamment de Mayotte, et que l’arrêté le destituant de son poste a taclé être «dans l’intérêt du service.»
De toute évidence, il ne s’inscrit pas dans la même méthode qu’Alain Faudon et veut que ça se sache. Plutôt que de demander aux porteurs de projet de déposer leur réflexion, il compte les accompagner: «Certains sont pertinents, d’autres à revoir car ils n’arrivent pas à passer le Comité de programmation. Nous devons changer l’appât ou les lignes, nous allons voir.» Il annonce une équipe étoffée, qui passera de 18 à 25, «dont deux personnes mises à disposition par le conseil départemental.»
Car quelques élus avaient souhaité participer davantage au comité de suivi, «le prochain sera en septembre», glisse Michel Piriou, le SGAR adjoint. Avec la perspective de reprendre la gestion des prochains fonds européen en ligne de mire. «Un Etat autorité de gestion, on ne sait pas si c’est une chance ou une malchance, mais le travail avec les collectivités est fondamental», reprenait Jean Almazan. Il rappelle que la préfecture est garante de la bonne utilisation des fonds publics en tant qu’autorité de gestion.
80% des actions de Mayotte 2025 lancées
Ses priorités sont celles du territoire : l’assainissement, la santé, les déchets, les transports, dont le port de Longoni, l’agriculture, le tourisme, la formation et l’insertion.
En dehors des fonds européens et du contrat de projet Etat Région (CPER), il doit superviser l’évolution du document cadre Mayotte 2025 sur lequel un premier point annuel doit être fait ce samedi rue Oudinot: «80% des actions sont commencées ou en cours», annonce-t-il.
Il a un message à faire passer, que nous relayons bien volontiers puisqu’il s’agit de booster un secteur à fort potentiel de création d’emplois: «nous demandons aux porteurs de projets œuvrant dans l’économie sociale et solidaire de se faire connaître, sous peine de perdre les 300.000 euros qui ne demandent qu’à être dépensés.»
Beaucoup d’entreprises du secteur sont dans les starting blocks et attendent la publication du décret d’application pour pouvoir bénéficier des mêmes aides fiscales qu’en métropole.
Sans trop en faire, il souligne quand même qu’un nouveau SGAR, «c’est l’opportunité d’une nouvelle forme d’approche. Ce sont les individus qui font avancer.»
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte