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jeudi 16 janvier 2025

Violences du week-end: «Ce n’est pas un problème d’effectifs», selon le commissaire Miziniak

Les pneus des enfants dans les lacrymogènes (Image: Twitter/Abby Saïd Adinani)
Les pneus des enfants dans les lacrymogènes (Image: Twitter/Abby Saïd Adinani)

Toucher à la Course de pneus, que la France entière commençait à nous envier, voilà qui a ébranlé la population ce samedi. La violence avec laquelle les jeunes voyous se sont défoulés sur la foule, avec des jets de pierres aveugles, interpelle sur la portée pédagogique qui pourra être mise en place.

C’est le deuxième événement phare à avoir été ainsi perturbé avec la Battle of the Year en quelques semaines. Nous avons donc interrogé le commissaire Miziniak sur l’ampleur de la situation.

L’officier de police replace d’emblée les actions dans le cadre du phénomène devenu habituel des règlements de comptes inter-villages : un portable volé, puis un scooter, que ce soit le fait des jeunes de M’gombani ou de Cavani, le résultat est le même, on se fait de nouveau justice soi-même. Les adultes montrent bien l’exemple avec les « décasages »…

« Laisser son enfant trainer dans la rue n’est pas punissable »

Joël Garrigue félicitait les forces de police pour leur travail. Ici, le commissaire Miziniak
Le commissaire Miziniak (à gauche) aux côtés du procureur Joël Garrigue

Pour éviter le fatalisme, et traiter le sujet en vrai phénomène de société, il faut prendre du recul et tenter d’endiguer la reproduction de ce schéma à l’infini, et sur l’ensemble du territoire.

Ils étaient une centaine lors d’un pic de violence samedi, selon Philippe Miziniak : « Ce n’était pas des enfants, mais des jeunes majeurs de 18-20 ans », indique-t-il. Il ne sait pas encore s’il s’agit de mahorais ou d’enfants de personnes en situation irrégulière. Un détail qui peut avoir son importance lorsqu’il s’agit de responsabiliser les parents.

« Lorsque ce sont des majeurs, on ne peut rien faire contre les parents. Et dans le cas de mineurs, les parents ne sont que civilement responsables, pas pénalement. Ils peuvent juste être accusés de délaissement de mineurs, mais encore faut-il pouvoir le prouver, ce qui sous-entend qu’il ne soit plus nourri, ni logé. Laisser son enfant trainer dans la rue n’est pas punissable », explique le commissaire.

« La situation est tendue mais la vie doit continuer »Police à Kawéni de nuit

La police nationale travaille donc avec la mairie de Mamoudzou pour une action préventive auprès des parents. Mais de toute évidence, cela ne marche pas… « Souvent, les parents adoptent la même attitude que leurs enfants » – à moins que ce ne soit le contraire ! – « en s’invectivant d’un village à l’autre lors des réunions de réconciliation. »

Peut-on toujours envisager d’organiser des festivités publiques à Mamoudzou ? La réponse de l’officier de police nationale est mitigée : « Le terrain n’est plus tenu ni par les associations, ni par les parents. Mais nous faisons en sorte avec la mairie que la vie continue. » Pareil pour la vie sociale des habitants : « Il faut continuer à sortir le soir », mais avec le risque d’être agressé par une bande de voyous ? « Le risque est fort, et cela peut même s’aggraver dans l’avenir. La situation est tendue, mais la vie doit continuer. »

Il appelle la population aux réflexes de précaution : « Ne pas sortir dans un quartier sombre seul, le soir, avec un portable en main. »

Interpellations

Un centre pénitentiaire qui s'est rempli très rapidement depuis son inauguration
Un centre pénitentiaire qui s’est rempli très rapidement depuis son inauguration

Les policiers ont bien travaillé selon lui, puisque 8 interpellations ont été enregistrées à l’issue des violences : 6 sur les bagarres Cavani-M’gombani de la nuit de vendredi à samedi, « 4 majeurs et 2 mineurs », et 2 sur la course de pneus, « un majeur et un mineur. »

Il faut dire que le dispositif de sécurité avait été renforcé, « avec une bonne partie des policiers municipaux de l’île, deux pelotons de gendarmes et une vingtaine de policiers. » Et selon lui, ce n’est pas le nombre qui change : « Nous aurions eu des effectifs supplémentaires, cela n’aurait rien changé. Comment maîtriser des éléments qui arrivent de partout sur le parcours ?! »

Ne pas s’exonérer de la médiation

En dehors du travail préventif initié avec la mairie, quelle solution pour revenir à une situation apaisée ? « Les fauteurs de trouble doivent être mis en prison, et il faut faire en sorte que la loi s’applique, que les auteurs d’infractions pénales soient poursuivis. »

Il faut souligner qu’un travail de médiation avait été fait avec les jeunes les années précédentes, notamment en les impliquant dans la préparation de l’événement. Comme cela se passe à Koungou. Une médiation indispensable à la réussite d’une manifestation sur ce territoire dont la moitié de la population a moins de 18 ans.

Si la solution reste du côté des parents, il invite les mairies à mettre en place un éclairage public, à l’image de ce qui vient d’être fait prés de la pointe Mahabou, et à sécuriser les zones à risque.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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