Le premier procès de l’affaire Roukia Soundi avait pris des proportions hors normes pour Mayotte. A la fin du mois de novembre dernier, le tribunal correctionnel de Mamoudzou avait pris son temps pour instruire un très lourd dossier. Durant cinq jours, il était revenu en détail sur l’implication des différents protagonistes.
Pour mémoire, cette affaire porte le nom de la jeune Roukia Soundi, âgée de 18 ans, retrouvée morte sur une plage de Trévani, le 15 janvier 2011. La cause du décès établie est une overdose par une drogue dure qui aurait transité par les services du GIR, le groupement d’intervention régional qui associait gendarmes et policiers.
Et c’est précisément sur le volet GIR de l’affaire que va se concentrer ce procès en appel aux dimensions bien plus modestes que lors de l’audience de première instance. Car seuls 3 des 7 prévenus vont prendre part à ce nouveau procès. Il s’agit du gendarme Daniel Papa et du policier Jérémie Bouclet qui ont fait appel du jugement. Le 3e est Saïd Hamada M’zé car le concernant, c’est le parquet qui a fait appel de la condamnation.
L’indic’ jugé de nouveau
En première instance, Saïd Hamada M’zé a été condamné à un an de prison dont six mois ferme. Cet ancien brillant indicateur du GIR avait amené 85% des prises de stupéfiants du service mais il ne faisait pas qu’informer. Il était lui-même un revendeur de cannabis. Impliqué dans la vente de la poudre à l’origine de la mort de Roukia, il a été reconnu coupable de transport non autorisé de stupéfiants mais relaxé du chef d’homicide involontaire.
Le parquet a fait appel, car la peine demandée par le procureur Joël Garrigue était bien plus importante. Contre celui «qui rapporte de belles affaires au GIR… et aussi de belles affaires pour lui», il avait requis trois ans de prison dont un ferme.
Un appel contre deux peines plus lourdes que les réquisitions
Les deux anciens membres du GIR qui ont fait appel n’acceptent pas leur condamnation en particulier pour «homicide involontaire». Ils vont donc, à nouveau faire valoir leurs arguments.
Daniel Papa est le gendarme qui a manipulé l’enveloppe dans laquelle était rangée la drogue qui sera finalement mise en circulation. Il a toujours affirmé qu’il n’en connaissait pas le contenu. Mais son récit de l’histoire et la plaidoirie de son avocat en première instance n’avaient manifestement pas convaincu le tribunal.
Condamné pour transport non autorisé de stupéfiants et homicide involontaire par violation délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence, il a été condamné à un an de prison dont 6 mois ferme. Contre lui, le procureur avait demandé 9 mois de prison avec sursis, le tribunal était donc allé plus loin que les réquisitions.
Une seule journée d’audience
Enfin le policier Jérémie Bouclet a également été condamné en première instance plus lourdement que les réquisitions du procureur. Alors qu’une peine de deux ans de prison avec sursis était demandée, il a écopé à deux ans de prison dont un an avec sursis et une mise à l’épreuve de 2 ans pour transport non autorisé de stupéfiants, trafic et homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence.
A l’issue de la première audience, il a été relaxé du chef d’acquisition de produits stupéfiants. Le tribunal avait également ordonné une obligation de soin.
Ce nouveau procès n’est prévu pour durer qu’une seule journée. C’est le temps jugé nécessaire pour rappeler les faits et tenter de définir, de nouveau, les implications éventuelles des trois prévenus.
RR
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