Plusieurs élus avaient répondu présents, qu’ils soient parlementaires, comme Boinali Saïd Toumbou, ou départementaux, de la majorité, comme le président Soibahadine Ibrahim Ramadani, Issa Issa Abdou, le 4ème vice-président, Mariame Saïd, Bourouhane Allaoui, ou de l’opposition comme Daniel Zaïdani et Ahamed Atoumani Douchina, deux anciens présidents du conseil départemental.
« Nous apportons notre soutien aux grévistes comme nous l’avons annoncé il y a trois jours, et parce que c’est la suite logique de la motion que nous avions signée le 8 décembre dernier, avec les parlementaire et le président de l’association des maires », explique au JDM le président Ramadani. Elus de tous bords, syndicalistes, organisations patronales, s’étaient alors réunis sous son impulsion pour une sorte de thérapie de groupe, où les syndicalistes avaient nettement pointé la responsabilité des élus sur la persistance des inégalités à Mayotte.
Ils se sont donc montré solidaires, « c’est une présence qui reste symbolique », nous glissait Port Saïd Ansiffoudine, leader FSU, « je m’attendais à davantage d’élus. »
Dotation de fonctionnement et recensement biennal
En acceptant il y a trois jours de signer une nouvelle motion, ce n’est pas une de plus pour le président Soibahadine, « s’y sont rajoutées la reconstitution des carrières des agents en vue de leur intégration, et l’attractivité du territoire. » S’il soutient l’application du code du travail, il ne l’envisage pas immédiatement, « c’est une revendication maximaliste pour pouvoir négocier ensuite. Ibrahim Aboubacar évoque le projet de loi El Khomri actuellement en débat pour proposer une refondation ici. »
Cette motion, il doit la remettre au premier ministre Manuel Valls le 24 avril, une rencontre qui doit essentiellement tourner autour de la réforme fiscale pour Mayotte à intégrer au projet de loi de finances 2017, « ainsi que notre demande d’un recensement biennal de l’INSEE pour coller au plus prés à la dotation globale de fonctionnement allouée par l’Etat, dont nous demandons l’indexation sur l’année 2013 et non plus 2012 », ce qui avait fait perdre 16 millions d’euros à notre département. Beaucoup de sujets à aborder donc, pour cette rencontre parisienne.
Un p’tit tour devant la préfecture et puis s’en vont
Tout en suivant les manifestants sur la montée derrière la CCI, et sous un soleil de midi écrasant, le président du département nous disait sa confiance dans le gouvernement, « après avoir été reçus par les conseillers, c’est le premier ministre en personne qui va nous écouter. C’est un signe fort, et une marque de confiance. »
Une confiance qui va s’arrêter aujourd’hui aux grilles de la préfecture, puisque, souhaitant être reçus en présence des élus, les syndicalistes ont eu une fin de non recevoir en se retrouvant en face d’un mur de plexiglas, « c’était une visite symbolique », disait un élu en faisant demi-tour, alors que c’est un affront pour Daniel Zaïdani : « Cette marche collective avait été annoncée suffisamment à l’avance pour que le préfet ouvre un espace de dialogue avec les élus que nous sommes et les syndicalistes. Là, nous nous trouvons devant un portail fermé et un mur anti-agression ! Il reste coupé de la réalité actuelle, c’est un symbole fort ! »
Frédéric Muller, SNEP, parlait symbole aussi : « Celui d’un président du conseil départemental se heurtant à un mur de glace préfectoral. C’est une image forte. »
De symboles en métaphores, on pourra dire que les élus ont été paternalistes en montrant qu’ils étaient proches de la population, que rien ne semble pouvoir se faire avant le dépôt de la motion le 24 avril auprès de Manuel Valls, et que, faute d’avoir pu fortement fédérer la population, il se peut que les syndicalistes ressemblent à sœur Anne, en ne voyant rien venir avant le vote de la loi travail ou avant le 1er janvier 2018…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte