Le directeur du CHM, Etienne Morel accompagné du président du conseil de surveillance Thani Mohamed Soilihi et de Mohamed Abdou, le représentant des praticiens, présentait ses vœux ce mercredi matin au CHM à Mamoudzou. L’occasion de faire un bilan de 2015 et de tenter de rester positif pour l’année à venir.
A l’heure des comptes, l’année 2015 se présente comme une année à part. L’accroissement de l’activité a été «hors du commun» pour Mohamed Ahmed Abdou, le président de la CME (commission médicale qui rassemble les praticiens) et même «vertigineuse» pour Etienne Morel, le directeur du CHM : +12% pour les simples hospitalisations, +8% en ambulatoire, +20% pour les naissances, +42% pour les EVASAN, les évacuations sanitaires !
«Le CHM a été conçu pour un bassin de 200.000 habitants. Nous n’arrivons plus à absorber l’afflux de personnes des îles voisines», relève Mohamed Abdou. Face à l’envoler de l’activité, si «l’effectif est plus qu’insuffisant» pour Mohamed Abdou, «le personnel a tenu bon pour soigner le tout-venant, sans distinction aucune.»
Et chacun de rappeler le courage des personnels, leur professionnalisme et leur détermination mais aussi le prix à payer pour eux: douleur, pénibilité, burn-out, une augmentation de la fréquence des arrêts maladies, des demandes de mutations précoces et un frein au recrutement avec des difficultés pour attirer de nouveaux praticiens pour des durées longues.
Des investissements malgré la crise
Pourtant Etienne Morel voit aussi du positif dans la politique de recrutement : une légère augmentation des médecins titulaires (+ 9 postes), la signature par 70 des 87 praticiens de l’indemnité particulière d’exercice (IPE) que le directeur souhaite d’ailleurs voir évoluer. Le système actuel prévoit une indemnité correspondant à 40% du salaire des médecins et pharmaciens pour renforcer l’attractivité des postes mais à condition que les professionnels restent 4 ans à Mayotte. Cette durée est jugée «trop longue» pour que le dispositif soit efficace.
Pour le CHM, 2015 a aussi été une année d’investissements avec 1,5 M€ pour la sécurisation des sites dont le renforcement des clôtures et la mise en place d’équipes de gardiens. A plusieurs reprises, la question de la sécurité des personnels, au sein même de l’hôpital, a été posée l’an dernier.
Un million d’euros pour la rénovation de la maternité, 2,5M€ pour Jacaranda ou encore 300.000€ pour le dispensaire de Mtsamboro, mais aussi un nouveau scanner, du matériel pour l’endoscopie digestive, la mise en place du SAMU… Le bilan positif fait aussi du bien à entendre pour les personnels venus assister aux vœux.
Un déficit «contenu»
Pour 2016, Etienne Morel promet une coopération avec les hôpitaux de La Réunion renforcée, en particulier pour la dermatologie et la neurochirurgie. Finalisation du projet médical pour la mise en place d’un groupement hospitalier de territoire, préparation de la certification de 2017, investissements pour un centre dentaire, les blocs, ou la psychiatrie et évidement la finalisation du permis de construire et les appels d’offre pour l’hôpital de Petite Terre dont le financement est bouclé, l’année à venir sera chargée… même si, là encore, le flux de patients est impossible à suivre.
Du côté des finances, le directeur parle d’un déficit «contenu» malgré une année «tendue» et une perspective apaisée grâce aux 10 millions débloqués par Marisol Touraine, la ministre de la santé qu’il doit rencontrer prochainement. Le sénateur Thani Mohamed Soilihi, également président du conseil de surveillance du CHM, rappelait d’ailleurs son rôle auprès du ministère pour obtenir cette somme. Elle va permettre de «retrouver l’équilibre budgétaire avec une capacité d’autofinancement dans les années à venir», indique le directeur. En 2016, le budget du CHM va atteindre les 220 millions d’euros.
Au final, les vœux de Mohamed Abdou pour 2016 sont simples: «Redonner à notre CHM, l’image d’excellence qu’il a connu il y a une dizaine d’années». Quant à l’agence régionale de santé, pour lui pas de doute : «Il ne faut plus parler d’ARS Réunion-Mayotte mais bien d’ARS Mayotte-Réunion, c’est Mayotte qu’il faut redresser!» Les personnels ont applaudi sans retenue.
Rémi Rozié
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