CARNET DE JUSTICE DU JDM. «Je veux de la chimique!» Le jeune homme hurle à la barre. Les magistrats du tribunal correctionnel de Mayotte n’ont probablement jamais été confronté aussi directement aux effets dévastateurs de la chimique. Bien sûr, cette drogue de synthèse est désormais évoquée à chaque audience, avec des victimes, des témoins ou des forces de l’ordre qui expliquent l’état des prévenus qui commettent des violences sous son emprise, un état pire encore lorsqu’ils sont en manque.
Pourtant, devant la cour, les prévenus qui se présentent ont généralement retrouvé leur calme. C’était loin d’être le cas, à 14 heures ce vendredi, lorsque l’homme accusé des violences commises dimanche dernier à l’hôtel Trévani s’avance à la barre. Il paraît très agité mais personne ne soupçonne que la situation va rapidement dégénérer.
La juge Zahi énonce les faits du 3 janvier qui sont reprochés à ce très jeune adulte qui a eu 18 ans il y a 2 semaines. C’est lui qui a poursuivi une famille sur la plage de Trévani avec un couteau, en la menaçant de mort. Il visait particulièrement le père qui va trouver refuge à l’hôtel. La sécurité de l’établissement maîtrise dans un premier temps l’agresseur avant qu’il prenne la fuite pour mieux revenir avec une barre de fer à béton. Cinq personnes seront alors nécessaires pour le maintenir au sol en attendant l’arrivée des gendarmes.
Nouvelles menaces en pleine audience
Placé en garde à vue, il commet ensuite des violences contre un gendarme puis contre un interprète contre lequel il a jeté une chaise. Il refuse enfin que des prélèvements biologiques soient effectués pour conforter l’enquête, un refus passible également de poursuites.
Une fois les faits énoncés, l’audience change de nature. Le prévenu de plus en plus agité insulte un gendarme et menace le traducteur qui se recule pour laisser un espace suffisant au cas où un coup partirait. Et puis le prévenu devient intenable et se met à hurler à la barre. «Je veux de la chimique ! Je veux de la chimique! Laissez-moi sortir !»
Incontestablement, son état de manque de plus en plus flagrant rend impossible le jugement.
Quatre gendarmes pour maîtriser le prévenu
Alors que le tribunal se retire pour délibéré, il frappe les mur de la cellule dans laquelle il est placé avant de revenir toujours plus agité dans la salle d’audience. La magistrate lui indique qu’il part en détention provisoire à Majicavo en attendant son procès programmé au 12 février prochain.
Les gendarmes sont alors contraints de se mettre à 4 pour maîtriser l’individu qui se débat, se jette par terre, les insulte. Il est finalement enfermé dans le fourgon où il tape à nouveau les parois violemment.
A Majicavo, il est également bien connu et, sans le savoir, nous avions entendu parlé de lui lors de la grève des avocats. Les robes noires étaient allées protester à la maison d’arrêt et un incident avait éclaté avec un détenu. C’était lui.
L’institution pénitentiaire avait alors parlé d’«avocats voyous», faisant porter la responsabilité de l’agression d’un surveillant par le jeune homme. Il se pourrait donc que les avocats n’aient finalement pas grand-chose à voir avec cet incident mais que la personnalité très violente de ce jeune homme y soit, en revanche, pour beaucoup.
RR
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