Le Râle de Cuvier fait partie de notre patrimoine et il est précieux car menacé: ce petit oiseau est le dernier survivant des oiseaux incapables de volés de notre région. Le Gepomay essaie de le connaître un peu mieux.
Le Dodo est un animal emblématique de l’océan Indien. Comme les autruches, les émeux ou les manchots dans d’autres régions du monde, il faisait partie des espèces d’oiseaux «aptères», c’est-à-dire incapables de voler. Victime de l’homme, le dodo s’est éteint et, comme lui, plusieurs dizaines d’espèces d’oiseaux aptères ont disparu. Il en reste pourtant encore une quarantaine à travers le monde et un seul dans notre région : le Râle de Cuvier.
Depuis un an, l’association Gepomay, spécialisée dans l’étude des oiseaux de Mayotte, mène un patient travail pour le connaître un peu mieux et comprendre en particulier comment se déroule sa reproduction.
D’une trentaine de centimètres de long, le râle de Cuvier a un plumage brun châtaigne avec une petite bavette blanche. Svelte et juché sur de longues pattes, il ne vit plus qu’à Madagascar, aux Seychelles et à Mayotte. Mais chez nous, il pourrait bien être menacé car les endroits où il habite ne sont pas au mieux de leur forme: les zones humides et les mangroves sont en effet souvent en régression et très affectées par l’activité humaine, en particulier par leur mise en culture. Les bananiers et les songes remplacent toujours plus les zones naturelles.
Un mâle attentionné et chanteur
Malgré ces conditions défavorables, le râle de Cuvier est encore là, comme dans la baie de Bouéni où Alexandre Laubin du Gepomay observe un couple depuis le milieu du mois de décembre. Et il assiste, depuis quelques jours, à ce qui pourrait être un cérémonial lié à leur reproduction. Le mâle est ainsi visiblement à la recherche de nourriture pour sa partenaire et lui apporte régulièrement des proies dans le massif de fougère où elle s’est installée.
Plus au centre de Grande Terre, dans la zone humide de Coconi, des mâles chanteurs font également l’objet d’observations. En plus de mieux connaître sa reproduction, l’objectif du Gepomay est aussi de parvenir à définir dans quelles zones humides l’oiseau a ses habitudes à Mayotte et dans lesquelles il est absent.
Un an pour découvrir ses secrets
Cette connaissance permettra ensuite de mettre en place des protocoles de conservation, comme par exemple pour le héron crabier blanc, autre oiseau fragile de notre île.
Pour atteindre cet objectif, «un protocole spécifique qui allie l’observation visuelle et l’utilisation de matériel sonore est mis en place par les salariés et les bénévoles de l’association», indique le Gepomay.
L’étude bénéficie d’un financement de la DEAL de Mayotte et va se poursuivre tout au long de l’année. 2016 sera ainsi peut-être l’année où cet oiseau précieux livrera quelques-uns de ses secrets.
RR
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