Conservatoire du littoral : pour éviter une «urbanisation méditerranéenne» des côtes

Le Conservatoire du littoral fête ses 40 ans en France, et fait profiter la population de ses acquisitions en les exposant sur de grands panneaux à l’aéroport de Mayotte. Une œuvre utile, bien que parfois controversée, qu’il faut expliquer.

Odile Gauthier entourée de Bourouhane Allaoui et Fadul Ahmed Fadul
Odile Gauthier entourée de Bourouhane Allaoui et Fadul Ahmed Fadul

La terre a perdu la moitié de ses populations d’animaux marins depuis les années 1970, avertit l’organisation de défense de l’environnement WWF dans un rapport rendu public ce mercredi 16 septembre. Si la surpêche est visée, l’aménagement du littoral est aussi pointé du doigt. Et les années 70, c’est l’époque de l’urbanisation croissante de nos côtes.

Le littoral bitumé de la Côte d’Azur avait d’ailleurs servi de valeur d’exemple… à ne pas suivre. Et c’est en allant à peine plus loin qu’Odile Gauthier, la directrice générale du Conservatoire du Littoral plante le clou ce mardi soir à Pamandzi : « il suffit de regarder les côtes espagnoles en méditerranée pour se convaincre du sens de notre action. »

« Freinez les achats de surfaces littorales à Mayotte ! »

Littoraux d'ici et d'ailleurs
Littoraux d’ici et d’ailleurs

La France s’est donc dotée d’une politique de protection des côtes quasi unique dans le monde : le Conservatoire du littoral fête ses 40 ans en exposant partout en France les territoires métropolitains et ultramarins qu’il contribue à protéger. Les côtes de l’île de Groix s’affichent aux côtés de celles de Saziley à l’aéroport de Pamandzi. Clichés du photographe Frédéric Larrey, ils sont un échantillon des 160.000 hectares protégés en France, 1.700 à Mayotte.

Mais il suffisait d’écouter Fadul Ahmed Fadul, adjoint au maire de Pamandzi, pour comprendre que le Conservatoire ne fait pas que des heureux sur une terre où la propriété foncière est encore très concentrée : « les surfaces littorales ont été achetées beaucoup plus vite ici à Mayotte qu’ailleurs en France ! Il va falloir freiner », implorait-il, en ironisant sur cette frénésie, « c’est sûrement parce qu’ici, le littoral est embelli par les baobabs. »

Si l’élu fait cette sortie, ce n’est pas sans fondement : « nous avons commencé par sa commune, tout ce qui devait être protégé a été acheté à Pamandzi », rassure Odile Gauthier, qui informe malgré tout que les conseils municipaux « donnent un avis à 97% positif ». Dans les cas contraires, le Conservatoire passe outre…

Le gendarme de nos côtes

Une inauguration en musique avec Saandati et les danseuses de
Une inauguration en musique avec Saandati et les danseuses de « Choc-choc number one »

 

D’ailleurs en écho, Bourouhane Allaoui, conseiller départemental de Koungou et vice-président (bientôt président) du Conseil des rivages, coadministrateur du Conservatoire du Littoral, se réjouissait de la présence de ce qu’il assimile à un gendarme du littoral : « une action est indispensable sur notre territoire contraint, où la forte croissance démographique vient entrechoquer la pression foncière. »

Il y voit la garantie d’un aménagement équilibré du territoire, en valorisant les espaces naturels ouverts au public. « D’ailleurs, deux appels à projet seront lancés sur les sites de Saziley et de Moya. » Une nécessité de reconquérir ces espaces tant ils se sont délabrés malgré leur classement en réserve naturelle protégée, en rendant notamment opérationnelle l’ancienne maison des gardes.

Car le Conservatoire va continuer à étendre ses terres : « notre objectif est de posséder un tiers du littoral français en 2050, le double de la surface actuelle », informe Odile Gauthier, convaincue qu’à Mayotte, « protéger le littoral, c’est protéger le lagon, lutter contre l’érosion et tendre vers des pratiques agricoles durables. »

Dans l’océan indien, ce sont plus de 3800 ha qui sont protégés entre La Réunion et Mayotte : Pointe au Sel, cratères de Petite Terre, Grande Anse, Pointes de Saziley et Charifou, Anse des Cascades… L’exposition sera présente pendant trois mois à l’aéroport de Mayotte : « normal que nous l’accueillons », glissait Daniel Lefebvre, Directeur d’Aéroport de Mayotte, dont la piste de 1.930 m s’étend sur le cordon littoral, « notre maxime maison chez Lavallin est ‘we care’, ‘nous prenons soin’, et à raison de 4 à 5 accompagnants par passagers, c’est la garantie du succès pour l’exposition ! »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Partagez l'article :

spot_imgspot_img

Les plus lus

Publications Similaires
SIMILAIRES

Le collège de Majicavo et ses élèves mobilisés contre le harcèlement scolaire

Collégiens, personnels et enseignants du collège de Majicavo ont organisé toute la semaine, du 3 au 7 novembre, des actions et des ateliers de sensibilisation afin de lutter contre le "harcèlement". Un fléau encore méconnu, alors que 35 % des jeunes y ont été confrontés en 2025, selon les chiffres de l'Observatoire de la Cybersécurité de l’Océan Indien.

Insertion professionnelle à Mayotte les marchés publics transforment l’accès à l’emploi

Vendredi dernier, la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Mayotte (CRESS) a réuni collectivités, entreprises et structures d’insertion pour faire le point sur l’avancée de l’insertion professionnelle dans le cadre du dispositif Achat Socialement Responsable (ASR). Les participants ont pu échanger sur les marchés en cours et à venir, les besoins en recrutement et les perspectives pour les prochains mois.

Dengue : l’Europe mise sur 20 millions d’euros pour développer de nouveaux traitements

Avec 20 millions d’euros engagés dans la recherche de traitements, l’Union européenne veut rompre sa dépendance aux solutions venues d’ailleurs et se placer au cœur de la lutte contre une maladie en pleine expansion.

Angatahi Bikoudaydi et « Bweni Komposte » vainqueur du MAD 2025

Le projet « Bweni Komposte », porté par Bweni Ndrima Na Wulanga à Bouéni, a remporté le MAD Hackathon 2025, grâce à sa solution de compostage et de sensibilisation au tri des déchets verts.