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Européennes – Sylvie Gustave-dit-Duflo : « Voter pour la liste du RN ne servira pas les intérêts de Mayotte à un niveau européen »

La colistière d’Hélène Pollozec, en 15ème position sur la liste de la majorité présidentielle « Besoin d’Europe », donc en position éligible, s’est rendue à Mayotte ce mercredi pour la campagne des élections européennes. Vice-présidente de la région Guadeloupe, elle est également présidente de l’Office Français de la Biodiversité. Nous l’avons interviewée.

Pouvez-vous nous indiquer les objectifs de votre venue à Mayotte ?

Sylvie Gustave-dit-Duflo : C’était une volonté de la tête de liste Valérie Hayer que les élus ultramarins se déplacent dans les outre-mer. En tant qu’élue ultramarine la mieux placée sur la liste de la majorité présidentielle « Besoin d’Europe » il était important que j’apprenne à connaître plus en profondeur les problématiques de Mayotte afin que je puisse déterminer de quelle manière nous pourrions lever les freins à son développement au niveau européen. Max Orville, mon colistier martiniquais, situé à la 18ème place de la liste, et moi-même, étions en visite à La Réunion hier. J’ai poursuivi le voyage jusqu’à Mayotte tandis qu’il est retourné dans l’hexagone pour le meeting de ce samedi.

A cette heure-ci (16h) vous avez déjà fait une séquence sur la continuité territoriale, sur la question de l’eau, de la pêche et de l’agriculture. Quel est votre sentiment global sur la situation à Mayotte ?

15ème sur la liste « Besoin d’Europe », l’élue guadeloupéenne Sylvie Gustave-dit-Duflo est en position éligible

Sylvie Gustave-dit-Duflo : Ces différentes rencontres m’ont donné le sentiment que les Mahorais se sentaient pleinement européens, mais leur territoire possède des spécificités. Ils souhaitent une Europe de proximité avec un déplacement régulier des élus européens à Mayotte. J’ai pu notamment discuter avec les pêcheurs sur la question du renouvellement de leur flotte qui n’a pas encore reçu le feu vert de l’Europe faute de données susceptibles de prouver que les stocks halieutiques seraient bien préservés. Il y a un vrai travail de lobbying à effectuer pour Mayotte au niveau européen et si nous avons suffisamment de députés nous serons à même de porter ce dossier aux côtés des élus locaux. Je me suis également penchée sur la question de la crise de l’eau que subit Mayotte. La Guadeloupe est également pénalisée, mais pour des raisons différentes. Là-bas, il s’agit de rattraper 40 ans de non-investissement dans les infrastructures tandis qu’ici cette crise est due à la fois à un changement climatique et à des infrastructures sous-dimensionnées en raison de l’immigration clandestine massive qui déstabilise tout le territoire. La liste « Besoin d’Europe » se propose justement d’utiliser le pacte « asile et migration » afin de donner à l’agence Frontex les moyens de créer une unité spéciale pour protéger les frontières mahoraises.

D’après nos informations, la proposition du gouvernement d’abolir le droit du sol à Mayotte ne fait pas l’unanimité au sein même du parti Renaissance auquel vous appartenez. Quel est votre sentiment personnel sur le sujet ?

Sylvie Gustave-dit-Duflo : Pour moi il n’y a pas de meilleur expert d’un territoire que le citoyen qui y vit. C’est donc aux Mahorais de trancher. S’ils considèrent que l’abolition du droit du sol à Mayotte est nécessaire à l’épanouissement du territoire, je les soutiens. La France n’en restera pas moins pour autant la patrie des droits de l’Homme.

Votre première séquence en arrivant à Mayotte a porté sur la continuité territoriale. Comment l’Europe pourrait-elle contribuer à l’améliorer ?

Hélène Pollozec, la candidate mahoraise de la liste « Besoin d’Europe » est 31ème de la liste

Sylvie Gustave-dit-Duflo : En venant ici depuis La Réunion, j’ai été effarée du prix du billet Saint-Denis/Dzaoudzi. Ça ne peut pas continuer ainsi. C’est la raison pour laquelle j’ai rencontré les porteurs de projet de Zena Airlines car nos soutenons toutes les initiatives qui pourraient contribuer à créer une véritable concurrence entre les compagnies aériennes. Dans le bassin antillais, cette continuité territoriale est assurée, notamment avec les îles du sud de l’archipel guadeloupéens dont la population a des revenus plus modestes. Les moyens existent donc, il faut simplement trouver la bonne ingénierie pour les mettre en place à Mayotte. C’est d’ailleurs souvent cette ingénierie qui manque aux collectivités ultramarines, c’est donc sur ce point que nous nous proposons de travailler. Car l’argent de l’Europe est là, il faut juste savoir où aller le chercher.

Souhaitez-vous transmettre un message aux Mahorais ?

Absolument. Je souhaite déjà leur dire que nous sommes conscients que Mayotte est un territoire qui possède de grandes potentialités de développement économique durable. C’est un territoire où l’épanouissement personnel est possible et si nous avons suffisamment de députés au parlement européen, nous pourrons nous battre pour les dossiers mahorais. Je sais qu’ici le Rassemblement National fait de très forts scores. Or je voudrais dire aux Mahorais qu’il ne faut pas qu’ils se trompent de cœur de cible, car ce n’est pas avec le Rassemblement National que leur voix sera portée au niveau européen. Au niveau européen, ce parti se situe au sein d’un groupuscule appelé « identité et démocraties », regroupant 10 pays, et qui n’a qu’entre 60 et 80 députés sur 720, ce qui pèse peu dans la balance. La liste « Besoin d’Europe » de la majorité présidentielle est au contraire un groupe pivot au niveau européen. Si nos députés ne votent pas une décision, elle n’est pas adoptée. Je demande donc aux Mahorais d’être pragmatiques : sanctionner le gouvernement en votant majoritairement pour la liste du Rassemblement National ne servira pas les intérêts de Mayotte à un niveau européen. En outre, leur candidate mahoraise n’est qu’à la 68ème place sur la liste alors que nous avons choisi de placer Hélène Pollozec à la 31ème place. Qui pense davantage aux intérêts de Mayotte ?

Propos recueillis par Nora Godeau

 

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