Thibault Rouchon est pédicure podologue au réseau diabète et en libéral. Avec ses deux consoeurs, il a fondé une association qui œuvre à promouvoir la santé du pied, et un métier dont Mayotte a de plus en plus besoin. Dans le cadre de la semaine nationale du pied, le trio anime depuis ce vendredi deux journées de prévention à Mamoudzou dans les locaux du réseau diabète, en face du CHM.
JDM : Thibault Rouchon, les journées du pied, c’est sur deux jours, de quoi s’agit-il ?
« En métropole c’est une semaine nationale. Ici on la décline sur deux jours. Jusqu’à l’ année dernière, je le faisais tout seul et uniquement avec les patients diabétiques. Cette année, comme on a créé l’association, on s’est dit que ça serait bien de l’ouvrir au grand public. Le but c’est vraiment de faire découvrir le métier, de répondre aux interrogations et que les gens puissent montrer leurs pieds et qu’on puisse faire des mini diagnostics et de la sensibilisation et réorienter au besoin. Puis il y a une partie dépistage pour les patients diabétiques. »
On parle de diabète, quels sont les problèmes liés aux pieds à Mayotte ?
« On n’y pense pas forcément mais les problèmes de pied peuvent être impressionnants. Ce que les gens connaissent, c’est l’amputation, mais avant ça, il y a des complications qui peuvent être décelées. La première d’entre elles, c’est la neuropathie, chez les patients diabétiques, c’est une perte de la sensibilité du pied. La deuxième complication, ce sont des plaies qui ne vont pas forcément se refermer facilement, donc on imagine le combo : le patient marche, se fait mal, ne s’en rend pas compte et donc ne sait pas qu’il est blessé. Donc le risque c’est que derrière ça s’infecte et que ça devienne de plus en plus grave. »
Combien de personnes sont concernées ?
« Il y a au moins 12% de patients diabétiques. A travers mon dépistage, j’ai pu, moi, voir que parmi eux au moins la moitié des patients diabétiques présente au moins une complication au niveau des pieds. Très souvent une perte de sensibilité, ça montre que c’est quelque chose de très important à Mayotte, d’autant plus qu’il y a peu de podologues, les gens marchent souvent pieds nus ou en chaussures ouvertes, donc le risque est majoré. »
Est ce qu’il y a d’autres soucis liés aux pieds que le diabète ?
« L’autre souci principal, c’est l’obésité, avec des douleurs au talon, notamment des épines calcanéennes qui sont souvent importantes à Mayotte, et tout ce qui est pathologies générales. Notamment chez les enfants, on a des enfants qui ont les pieds en dedans, l’intérêt du podologue, c’est qu’il pourra proposer des semelles qui vont ouvrir l’angle de pas. Après on a les sportifs. Puis il y a l’aspect pédicure : les ongles incarnés, les soins d’urgence qu’on peut faire, et les soins réguliers. Le pédicure-podologue a donc deux métiers en un : le soin, comme l’ongle incarné ou la corne sous le pied, ce n’est pas de l’esthétique mais bien du soin. En effet cette corne peut exercer une hyperpression à cet endroit là qui peut créer une plaie susceptible de s’infecter. Ca c’est pour le volet pédicure, puis il y a la podologie, avec des semelles orthopédiques, des orthoplasties etc. en lien direct avec le corps médical. »
Comment on devient pédicure-podologue ?
« C’est un concours, puis on intègre une école, il y en a une dizaine en France, puis les études durent trois ans et on a un diplôme d’Etat délivré par le ministère de la santé. »