Le maire de la commune, Ambdilwahedou Soumaila, rappelait le parcours de celui qui est devenu officier par aucun autre moyen que celui d’être passé par la 11ème promotion de l’Ecole Nationale Supérieure de la Police Nationale en Seine et Marne. Et c’est après avoir gouté à de nombreux services de police en métropole, que Chaharoumani Chamassi est revenu comme officier à Mayotte. Après avoir occupé le poste de chargé de mission au cabinet du préfet, « où j’ai tant appris », dit-il, et où il fut constamment très bien noté par l’ancien directeur de cabinet Etienne Guillet, il avançait l’argument d’un départ à la retraite qu’il savait déjà vain. Appelé par le procureur pour être son délégué, « en tant que vacataire », il était aussi contacté par le maire de Mamoudzou pour prendre la tête de la DPSU. Celle-ci était dirigée par intérim par Anfane M’Dogo, le chef de la police municipale.
C’est une corde de plus, indiquait l’édile : « Nous avons fait de la sécurité et de la tranquillité de la commune les priorités de la mandature. Après avoir créé un poste de police avancé à Kawéni, nous ferons pareil à Passamainty, la brigade canine a été dotée de moyens supplémentaires et le Centre de supervision urbain déménagera place Mariage en se dotant de caméra de vidéo surveillance pour lutter contre les incivilités. »
C’est en grande pompe que c’est faite la passation de pouvoir, avec une police municipale sur son 31, sous une Marseillaise respectée par le parterre d’invités. Le capitaine Chamassi saluait entre autre la présence du Directeur Territorial de la Police Nationale (DTPN), Laurent Simonin, et du 1er officier de la police municipale, Saïd Soulai, qui officie à Dembéni. Et dressait le constat : « La sécurité est mise à mal sur notre territoire, liée notamment à une absence de responsabilité de certains parents. C’est la cellule familiale le premier silo pour éviter les dérives, les collectivités et l’Etat n’arrivent qu’après. En réponse, notre police municipale doit rester la police de l’ultra-proximité. »
« Vous avez demandé la police ?, vous ne quitterez pas »
Nous avons interrogé l’officier qui n’a eu de cesse durant sa carrière de prôner la prévention, que ce soit en créant l’Ecole du civisme où les valeurs de la République sont enseignées autant que les matières fondamentales, ou lorsqu’il a lancé en 2018 l’idée des « gilets jaunes » de surveillance des quartiers (pas le mouvement de métropole !) à travers le Comité des sages et de prévention de la délinquance pour lutter contre l’insécurité. Ce qui avait instauré une paix durable jusqu’à leur disparition. Mais c’est une autre histoire.
Il nous explique ce que sera sa mission : « Le maire de Mamoudzou a créé la DPSU dont je prends les commandes, à laquelle est rattachée la police municipale. C’est avec elle que je transcrirai les actions impulsées par le maire. »
Sa première tâche sera de mettre l’accent sur la réactivité des policiers municipaux : « Lorsqu’un appel retentit, il ne faut pas que la réponse aille au-delà de la 3ème sonnerie, il faut être présent. Et d’autre part, il faut que 10 minutes après, les policiers soient auprès de la personne en difficulté. Pour cela, et vu que la police municipale travaille 24h/24, nous avons sectorisé Mamoudzou, et dans chacun des secteurs, nous aurons une patrouille. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, donc une voiture qui est à Jumbo va mettre énormément de temps pour se rendre à Vahibé par exemple. Pour cela, il va falloir faire beaucoup de sensibilisation. »
D’autres actions sont également à son agenda, comme le renforcement de la formation des agents de surveillance des bâtiments communaux, en accentuant sur la médiation et la prévention. « Nous allons réorganiser autour de ce que j’appelle le système ORA, Observer, Renseigner, Appeler. »
Chamassi avait conclu son discours en citant Aristote, « Le courage est la première des qualités humaines car elle garantit toutes les autres ». Et il n’en manque pas.
Anne Perzo-Lafond