Ambassade, mails, aéroport, appels divers. Ce groupe de passagers coincés en Tanzanie multiplie les bouteilles à la mer pour tenter de rentrer à Mayotte, après l’interdiction des vols vers et depuis la Tanzanie. Une interdiction signifiée tant à l’aéroport de Mayotte qu’à celui de Dar Es Salam ainsi qu’en agence de voyage, mais qui ne figure nulle part sur les sites officiels de la diplomatie française ou de la préfecture.
Résultat, ces passagers qui avaient préparé leur voyage « depuis plusieurs mois », se retrouvent bien embêtés. « Pourtant on avait bien vérifié, et la Tanzanie n’était pas en zone rouge » nous explique une passagère lésée, qui nous a contactés à la lecture de notre article d’hier.
D’abord contactés par la compagnie qui leur annonce un report de leur vol, les passagers passent de Charybde en Scylla. Première difficulté avancée, la validation des tests réduite à 24h. Une gageure pour les visiteurs d’un pays où, à Dar Es Salam, les résultats sont remis sous 48h. « Ils n’ont pas pensé aux passagers » estime le groupe coincé là bas. Or, la passagère et ses compagnons de galère ayant été « refoulés sans explication » à l’aéroport de Zanzibar se replient alors vers Dar Es Salam. Là, ils sont victimes d’escrocs. « On a été rackettés par des agents qui ont exigé 50 dollars pour un test », une somme empochée avant de refuser de faire le test. Puis le groupe s’est trouvé contraint de chercher un site médical en dehors. Ce qui impose dès lors l’achat d’un visa le temps du test, puis un retour en zone de transit.
Une autre option aurait pu être de rallier le Kenya, où un test de plus de 48h est toléré pour entrer et où l’aéroport de Nairobi permet des tests pour rejoindre la France. « Mais si avant le Kenya produisait des visas dans l’aéroport, ce n’est plus le cas, ils ne le font plus qu’en ligne ».
Or, redirigés vers un site pour l’achat de visas, les passagers ont déboursé pas moins de 750€. Mais il s’agissait là encore d’une arnaque, et les documents « évidemment ne sont jamais arrivés ». En l’absence de visa, nouveau refus d’embarquement.
Après trois tests et toujours sans carte d’embarquement, ils retournent alors à Zanzibar où les tests sont réalisés en 14h en moyenne. Mais, dernière déconvenue, le passager qui était en attente de test a finalement été dépisté positif, sans doute « contaminé pendant qu’on multipliait les démarches » déplore la voyageuse, dont le séjour tant rêvé vire au cauchemar. « A chaque instant, des gens essayent de nous racketter, c’est le pire » témoigne-t-elle.
Pris au piège, entre le virus et les arnaqueurs
Pendant ce temps « les autorités et la compagnie règlent les cas au compte-goutte » alors que certains passagers sont « bloqués depuis deux semaines ». La faute à un manque de confiance dans les tests réalisés à Dar Es Salam, dont certains se sont avérés être des faux. « Je comprends la méfiance, mais ces faux sont le fait de quelques agents, qui pénalisent tous les autres » regrette la passagère coincée.
Dans ce marasme, « on attend que celui qui était positif soit à nouveau négatif… En espérant ne pas choper le virus entre temps, car plus on reste ici, plus on risque d’attraper la maladie » s’inquiète désormais la vacancière privée de retour. Pour elle, « il suffirait de tester tous les passagers à l’arrivée, au lieu de les inciter à frauder ou de les exposer au risque de se faire racketter ».
Pour ces passagers, des mesures urgentes doivent être prises, « il faut baliser un parcours en désignant un endroit sur pour faire le test en Tanzanie, informer les passagers et surtout les laisser rentrer, quitte à les retester à Mayotte » plaident-ils, déçus que l’Etat ne prenne pas encore « en compte le fait qu’il faut plus d’une journée pour avoir les résultats, par ici ».
D’autant que pendant ce temps qui se fait long, les frais s’accumulent. « Un test à 50 dollars tous les deux jours, plus l’hébergement et la nourriture, certains choisissent des endroits où les risques sanitaires sont plus élevés » alerte-t-elle, dénonçant ce qui s’avère être un cercle vicieux. Par exemple « dans les hôpitaux publics les tests sont moins chers, mais il faut faire la queue, sans aucun gestes barrière, au milieu de personnes malades ». Pour elle, à cause d’un « manque de communication » de l’Etat français, et malgré une « fille de l’ambassade très réactive, mais seule à gérer ça », les passagers « doivent choisir entre suivre les règles et prendre des risques pour leur santé, ou frauder ». Avec une constance pour tous, « dans les deux cas, on se fait arnaquer au passage ».
Y.D.