Des agents du garde-côte comorien ont arrêté « plus d’une vingtaine de migrants africains » mercredi 29 décembre. L’opération d’arrestation a eu lieu sans encombre grâce à l’interposition de deux vedettes rapides de l’unité d’intervention des garde-côtes sur place à Ndzuani (Anjouan). Cette nouvelle vague de migrants commence à inquiéter sérieusement les autorités comoriennes, débordées par un phénomène qui s’amplifie au fil des mois.
Des complicités aux Comores
Entre octobre et décembre, ce sont 96 migrants venant d’Afrique de l’est qui ont été stoppés net par les services de sécurité comoriens. Des hommes, des femmes et des enfants dont la destination finale est Mayotte, d’après des sources du garde-comorien. Les migrants arrêtés (24 au total) sont tous internés dans les locaux de la gendarmerie et de la police à Ndzuani (Anjouan). Des passeurs comoriens ont été placés en détention à la prison de Koki.
Les autorités comoriennes n’ont toujours pas communiqué sur l’origine de ces réseaux de migrants. On sait qu’ils viennent de la République démocratique du Congo (RDC), du Mozambique et du Burundi. Des ressortissants malgaches avaient été arrêtés au mois de septembre 2021 avec environ 800 kilogrammes de stupéfiants à bord de leur petit navire. Y-a-t-il un lien entre le réseau de passeurs de migrants africains et celui de trafic de drogue dans les eaux comoriennes ?
Le pays a peu de moyens pour surveiller ses eaux maritimes
« Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas pu remonter la filière mais le travail d’enquête est toujours en cours pour identifier les cerveaux de ces trafics« , avait souligné en novembre dernier le procureur de la République près le Tribunal de Mutsamudu (Anjouan), Mohamed Abdallah. « On sait qu’il y a des Comoriens qui sont derrière tous ces trafics. Mais une enquête de ce genre est toujours longue. Il ne faut surtout pas se presser de rendre des conclusions hâtives », a ajouté le magistrat. Le délit de trafic illicite de migrants est intégré récemment dans le nouveau code pénal qui prévoit dans l’article 266 « deux ans à cinq ans de prison ferme et de 20.000.000 de francs comoriens d’amende (40 mille euros)« .
Les Comores disposent des capacités d’intervention en mer pour les opérations de surveillance des côtes. L’unité de garde-côtes a été créée en 2010. Le centre de commandement opérationnel a été mis en place en 2018 grâce à un appui du PNUD. Le pays a été équipé récemment en vedettes rapides par les Emirats arabes unis qui appuient projet de mise place des radars de dernière génération. Reste maintenant des services coordonnés de renseignements contre les trafics transnationaux. Des agents des garde-côtes craignent que le trafic des migrants ne s’amplifie dans les prochaines années.
A.S.Kemba, correspondant à Moroni