La cité scolaire de Bandrélé, composée d’un collège et d’un lycée polyvalent (général et professionnel), accompagne des élèves en situation de handicap grâce aux dispositifs appelés : Unité localisée pour l’inclusion scolaire, dit ULIS. Mathématiques, français…, les élèves suivent certains cours à travers ce dispositif avant de rejoindre leurs classes de référence pour les autres matières. En plus de leur transmettre des compétences, l’objectif est de permettre à ces élèves de se socialiser avec tous leurs camarades de classe, de sortir de l’isolement et de la stigmatisation mais aussi de leur donner une certaine autonomie une fois sortie du collège ou du lycée.
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Recrutement de personnel qualifié et formation des professeurs
« Les élèves viennent à certain moment dans le dispositif pour travailler les compétences dont ils ont besoin. Mon travail est de constamment adapter le support, les activités, le temps et l’espace aux besoins éducatifs particuliers de chaque élève pour qu’ils se saisissent eux-mêmes de l’apprentissage », explique Nolwenn Magdelaine, coordonnatrice au sein de l’établissement auprès de 9 collégiens qui suivent le dispositif. « Ici j’accueille des élèves qui ont des troubles cognitifs, des dyslexies ou des déficiences intellectuelles plus ou moins prononcées ».
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Ce mardi 18 février, la ministre Charlotte Parmentier-Lecocq est venue dans sa salle de classe pour discuter avec trois élèves. Intimidés par le cortège d’élus, d’officiels et de journalistes, l’échange a été bref avec les collégiens, mais comme l’a indiqué la ministre depuis son arrivée, lundi soir, le but est d’accélérer la mise en place de solutions pour les personnes en situation de handicap. Cela passe par le recrutement de personnel qualifié en rendant Mayotte plus attractive, mais aussi par la formation des enseignants. Des enjeux déjà au centre des discussions lors de la visite de la Ministre d’État, Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, le 30 janvier dernier. Elle aussi s’était rendue à la cité scolaire de Bandrélé qui accueille plus de 1.800 élèves.
« Il faut que les professeurs aient un début de formation pour prendre en charge les élèves qui ont soit un handicap, soit non. Certains enseignants ne voient pas la différence entre un élève qui est dans le dispositif ULIS et un autre qui a de grosses difficultés scolaires », précise Nolwenn Magdelaine.
« Les élèves s’auto-dévalorisent »
Mais en plus de ces pistes pour améliorer l’accompagnement des élèves il est nécessaire de changer les idées reçues sur le handicap. « La vision du handicap à Mayotte est assez compliquée, et les élèves sont souvent rejetés, même par les adultes. Il arrive aussi que les élèves s’auto-dévalorisent. Ils sont gênés de venir en ULIS alors que c’est une chance pour eux. Il y a un travail à faire sur la motivation, en leur redonnant confiance en eux. Ce sont des élèves qui ont toujours fait face à la difficulté et à l’échec. On leur a renvoyé une image d’eux un peu abîmée », raconte la coordonnatrice qui passe dans toutes les classes du collège pour expliquer le dispositif ULIS en début d’année. « On pourrait faire beaucoup plus avec l’équipe pédagogique, l’idéal serait de faire des actions tout au long de l’année pour changer le regard sur le handicap ».
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La question de la continuité de l’accompagnement
Entre le collège et le lycée, se pose également la question de la continuité de l’accompagnement des élèves. A la sortie du collège, les élèves en dispositif ULIS sont orientés vers des CAP dans lesquels ils ont des places prioritaires. « Ils ne peuvent néanmoins faire ce qu’ils veulent. Une fille voulait faire un CAP Cuisine mais après son examen, le médecin ne l’a pas autorisée à le faire, pour des raisons de conscience du danger notamment. On lui a proposé le secteur de l’hygiène et on doit trouver un établissement qui a une formation avec un dispositif ULIS », relève Nolwenne Magdelaine, « s’il n’y en a pas, elle se retrouve dans une classe sans aides ».
Victor Diwisch