Dans le cadre de ce déplacement à Paris, les présidents des intercommunalités de Mayotte étaient accompagnés de Sébastien Martin, président d’Intercommunalités de France, et de Lyliane Piquion-Salomé, présidente d’Interco’Outre-mer. L’objectif avoué était clairement de porter leurs revendications pour la reconstruction après le cyclone Chido, et de réagir au texte définitif de la loi d’urgence pour Mayotte, comme nous l’a confirmé Ali Moussa Moussa Ben, chef de la délégation et président de la CCSud, avec qui nous avons pu échanger quelques heures après son retour dans notre île. « C’était important de nous rendre en métropole et de rencontrer plusieurs responsables politiques afin de savoir comment s’organiser pour travailler ensemble après Chido et Dikeledi. On s’inquiétait car on ne savait pas sur quoi Paris travaillait, sur quels sujets, sur quels projets, sur la base de quoi, dans quel but. On était au courant de rien. On avait identifié des projets importants…On ne voulait qu’ils soient mis de côté ».
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En effet, suite au passage de Chido et de Dikeledi il a fallu dans un premier temps assumer l’urgence pour que la vie reprenne, a savoir l’eau, l’électricité ou encore la gestion des déchets. Mais une fois l’urgence gérée, il y a « l’après » avec notamment la reconstruction et l’aménagement du territoire. « Notre déplacement a permis de mettre les sujets sur la table et de faire accélérer les choses. Paris est sensible à ce qu’il s’est passé à Mayotte… », poursuit le président de la CCSud. Tout en ajoutant que la pression démographique sur notre territoire devient de plus en plus insoutenable et qu’il faut agir vite. « La population est en attente de résultats au niveau des services publics, mais aussi et surtout concernant les besoins en logements. Rien que pour la CCSud ce sont 500 logements par an qu’il faudrait construire et pour la commune de Bandrélé entre 100 et 150. La réalité c’est que chaque année on sort zéro ! Si bien qu’on accumule du retard. Or les gens n’ont pas le temps d’attendre ce qui entraine la construction d’habitats informels ».
La création de l’Association des intercommunalités de Mayotte
« Tous pour un et un pour tous ! » disait la devise des Mousquetaires. A plusieurs ont est plus forts et sans doute plus entendus…Ali Moussa Moussa Ben s’est ainsi félicité d’avoir pu rencontrer un maximum de monde à Paris pour que les choses puissent aller vite. « Nous avons rencontré le ministre des Outre-mer bien-sûr mais aussi des parlementaires au Sénat ainsi qu’un conseiller du Président de la République à l’Élysée. On a pu exposer nos projets pour faire bouger les choses ».
Par ailleurs, le président d’Intercommunalités de France et la présidente d’Interco’Outre-mer sont prêts à aider Mayotte en mobilisant leurs moyens, « ils vont mettre à notre disposition certains de leurs services, notamment au niveau de l’ingénierie pour que l’on puisse avancer », indique le président de la CCSud. Car en effet il faut aller vite sans trop attendre afin de reconstruire notre territoire. Pour cela l’Association des intercommunalités de Mayotte a identifié 3 thèmes : l’habitat, la mobilité et l’eau. Et selon Ali Moussa Moussa Ben, la loi d’urgence pour Mayotte ainsi que la loi programme vont permettre d’accélérer fortement les choses en matière de normes d’urbanisme, de financement… mais pas seulement. « On a bon espoir que ça bouge…Ici à Mayotte on a beaucoup de normes à cause notamment des aléas sismiques et cycloniques, si bien que de nombreuses entreprises et collectivités ne peuvent souscrire de contrats d’assurance. On souhaite que la pression soit mise sur les assureurs pour que les choses changent ».
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En outre, l’Association des intercommunalités de Mayotte a décidé de créer des jumelages de chaque interco de l’île avec celles de métropole. Pour la CCSUD ce sera avec la Communauté d’agglomération de Mulhouse. « L’occasion s’est présentée quand nous étions en mission à Strasbourg pour parler de l’habitat…C’est un bon choix pour nous, ils ont été très réceptifs. De plus, ils ont des projets lourds, notamment concernant le développement économique qui peut servir de base, de référence pour la CCSUD. Nous allons créer beaucoup d’échanges et de partenariats, sans compter qu’ils veulent financer un projet de la CCSUD sur leurs fonds propres. Nous allons réfléchir ces prochains jours lequel nous pourrions leur proposer… ».
Enfin comme le concède Ali Moussa Moussa Ben, Chido a rebattu les cartes et il faut redimensionner des aménagements. « Certains projets nécessitent qu’on les repense, que l’on filtre par priorités… Ainsi concernant l’aménagement du front de mer à Mbouini, qui a été totalement inondé, la priorité n’est plus de l’aménager mais de gérer les eaux pluviales pour que le site soit à l’abri ».
B.J.