Comme chaque année, le Hajj ou le « pèlerinage à La Mecque » en Arabie Saoudite, constitue le plus grand rassemblement religieux au monde, que chaque fidèle se doit d’accomplir au moins une fois dans sa vie cet acte qui fait partie des cinq piliers de l’Islam, sous réserve de moyens financiers et d’une bonne aptitude physique et mentale. Mais à Mayotte, partir en pèlerinage à La Mecque relève parfois d’un véritable « parcours du combattant » autant financier que logistique, explique Hourfane Toihiri, président de l’association Moultaqanour.
« Nous avions soumis plusieurs plaintes au sujet du Hajj à Mayotte »
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Quelques semaines plus tôt, des représentants de l’association Moultaqanour se rendent au Kenya pour rencontrer le consul de l’Arabie Saoudite à Nairobi. « Nous avions soumis plusieurs plaintes au sujet du Hajj à Mayotte et envoyé plusieurs émissaires pour en discuter au plus haut niveau afin que Mayotte ait des facilités au niveau du Hajj. » Sur place, Hourfane Toihiri constate que son plaidoyer opère. « Les autorités compétentes avaient déjà tout préparé pour Mayotte, elles avaient des propositions à nous faire et nous ont simplement demandé : est-ce que les Mahorais vous êtes prêts à faire le Hajj ? » L’an dernier, sur les 600 places ouvertes pour le Hajj à Mayotte, seuls 300 pèlerins étaient finalement partis. À l’époque, le secrétaire de l’association Djamou, expliquait que l’Arabie Saoudite avait réduit drastiquement les visas permettant aux pèlerins du monde entier de se rendre à La Mecque, en raison « des reproches que la communauté internationale arguant que beaucoup de gens décèdent lors du Hajj à cause de la chaleur terrible qui règne dans cette région. »
9.350 euros pour dix-sept jours
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Sur le 101ème département français, le blocage était surtout financier, où le coût total de ce voyage dépassait largement les 13.000 euros et les trajets en avion pour se rendre en Arabie saoudite comportaient plus d’une escale, rendant dès le départ, ce voyage plus fatigant que ressourçant. « Nous on existe depuis 10 ans, on n’avait jamais organisé cela, mais l’année dernière, quand on a vu que les Mahorais n’avaient pas pu faire le Hajj, on s’est demandé ce qu’on pouvait faire, donc on a envoyé des messages au ministère du Hajj et en Arabie saoudite pour partir. Nos revendications étaient les suivantes : payer moins cher, avoir des hôtels confortables et un vol direct. » Après plusieurs semaines de négociations, en plein contexte post-cyclone Chido, l’association Moultaqanour décroche un tarif à 9.350 euros. « On a négocié et on a obtenu ce tarif. L’agence qui gère ce pèlerinage nous a transmis des papiers pour que nous nous occupions de l’inscription des Mahorais qui souhaitent partir et l’agence gère toutes les démarches relatives aux visas et aux billets d’avion. Nous on fait juste transiter les documents administratifs. » Par ailleurs, l’évolution des technologies a rendu davantage difficile la réalisation des démarches informatiques pour partir en pèlerinage depuis Mayotte où de nombreux organisateurs sont peu familiers de ces technologies. « Avec le système informatique Nusuk, les associations doivent trouver des partenaires en ligne, les achats se font en ligne, on achète un package pour le pèlerinage sans le billet d’avion, le visa est ensuite établi et on reçoit un lien pour payer mais ce n’est pas facile », confie le président de Moultaquanour. « Cette démarche elle est déjà complexe pour les Mahorais de moins de 40 ans alors pour les organisateurs plus âgés, c’est difficile. C’est aussi pour cette raison aussi qu’on a voulu enlever cette démarche-là aux Mahorais. »
Un vol direct a été négocié
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À leur retour à Mayotte, les représentants de Moultaquanour ont tenu à organiser une réunion publique pour « expliquer aux Mahorais comment s’organise le Hajj cette année, l’organisation qui a été négociée, et encourager les gens à venir car pour qu’il y ait un vol direct il faut bien aussi qu’il soit rempli », déclare Hourfane Toihiri, à la Maison Pour Tous de Dembéni, ce samedi. Au total, 600 places sont ouvertes aux Mahorais souhaitant faire le Hajj. 300 places sont attribuées à l’association Moultaquanour et 300 autres places aux autres associations de l’île organisant des pèlerinages. Cette année, le Hajj aura lieu entre le 4 et le 9 juin 2025, avec des dates importantes comme le jour de Arafat (5 juin) et le jour de l’Aïd El Kebir (6 juin). Au départ de l’aéroport de Dzaoudzi, un vol direct a été négocié avec la compagne aérienne Flynas. « Pendant le Hajj, il n’y avait aucune contrainte au niveau de l’aéroport de Dzaoudzi pour accueillir ce vol direct », commente Hourfane Toihiri. Le départ est d’ores et déjà prévu pour le 29 mai, pour que les pèlerins puissent faire leur prière dans des lieux saints, comme Al-Madinah. « Si on arrive à atteindre le nombre des 300, cela veut dire que l’année prochaine, on pourra continuer de simplifier ces démarches et conserver nos appuis en Arabie Saoudite. » Inch’Allah !
Mathilde Hangard