Une étude sur les processus de victimation à Mayotte

Elie Letourneur, doctorant en psychologie à l'Université Paris Cité et psychologue, Ada Pouye et Malika Mansouri ont publié récemment une étude dans l’International Journal of Law, Crime and Justice sur le processus de victimation à Mayotte. Cette étude quantitative apporte un éclairage sur les profils des victimes à Mayotte et sur les catégories de délits subis en fonction de leurs profils démographiques.

L’étude traite des processus de victimation à Mayotte, c’est-à-dire des mécanismes par lesquelles les infractions sont commises contre les victimes du territoire. L’étude est basée sur 613 dossiers de justice entre 2020 et 2024.

Répartition par tranche d’âge et nature de la relation de pouvoir

Les résultats de cette étude montrent que le processus de victimation est, à Mayotte, hautement influencé par les relations de pouvoir et la segmentation de la société. L’origine des personnes et leur statut socio-administratif sont des facteurs de vulnérabilité majeurs, de même que le genre féminin et la minorité. Toujours selon l’étude, les jeunes filles mineures sont les plus exposées aux rapports de pouvoir et sont plus souvent victimes de violences, notamment sexuelles. Les auteurs sont généralement proches de leurs victimes et les connaissent personnellement, facilitant la prédation et limitant les possibilités de révélation.

Des victimes aux critères démographiques précis

Groupes d’âge classés par émotions primaires déclarées

Les auteurs de violences peuvent user de la position d’autorité que leur confère la position d’aîné dans la famille, le simple statut d’adulte, l’argent, ou le statut administratif dans une société où le fait de disposer – ou non – de papiers conditionne la classe sociale à laquelle on est assigné, souligne l’étude. Par ailleurs, les résultats suggèrent un déni des souffrances ou, en tout cas, une difficile expression des émotions, en particulier chez les enfants et adolescentes victimes de violences sexuelles. Enfin, les origines géographiques et le lieu de naissance semblent avoir une incidence sur le type d’infraction subi. Les personnes nées à Mayotte sont plus souvent victimes de violences physiques tandis que celles nées en France métropolitaine sont plus fréquemment victimes d’atteintes aux biens (vols et cambriolages). Les natifs de Mayotte et des Comores sont, en revanche, équitablement exposés aux violences sexuelles.

Dans cette étude, les auteurs considèrent que les mécanismes de victimation à Mayotte sont partiellement conditionnés par la structuration de la société en strates notamment, ce qui facilite ainsi la domination et permet de nombreux abus, le tout dans un contexte de faiblesse des institutions et des instances de protection.

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