Quelle mouche a donc piqué Miss Mayotte, où plutôt son écharpe dans laquelle est venu se ficher un pin’s aux couleurs des Comores le jour de l’inauguration de l’exposition Zangoma ? Dérision, « ouverture d’esprit » comme elle a l’air de le revendiquer pour saluer des artistes des 4 îles représentés sur cette expo, signe d’une jeunesse qui s’émancipe ? En tout cas, la sphère diplomatique mahoraise est en émoi.
Il faut dire que ça fait beaucoup. Voir celle qui est censée représenter l’île sur la scène nationale et internationale arborer le drapeau d’un pays étranger, et qui revendique Mayotte de surcroit… on nage en pleine insoutenable légèreté de l’être d’une Miss qui n’a pas choisi la gravité dans son discours. Le poussera-t-elle jusqu’au bout ? Pour l’instant, elle semble évoquer une « ouverture d’esprit » sur sa page Facebook, une position qui risque de fermer celui de ses détracteurs: « Ma démarche était maladroite mais n’avait d’autre but que de marquer cette rencontre d’un esprit d’ouverture, de respect et d’hospitalité. Je tiens à m’excuser en vous priant de croire dans ma volonté de continuer de toujours faire de mon mieux pour représenter la beauté de notre île et promouvoir sa richesse, ses spécificités culturelles et son patrimoine. »
Faisant fi de ces excuses, ils sont quelques uns à appeler à sa destitution. Anchya Bamana et son mouvement Maore solidaire a lu le règlement des Miss, et s’adresse à la présidente du comité Miss France pour demander « la destitution d’Anna Ousseni », arguant qu’elle utilise le titre « ‘à des fins de propagande, de militantisme politique, idéologique…’, enfreignant ainsi le règlement de l’élection nationale de Miss France ». Le premier ministre a été destinataire de ce courrier.
Aucun commentaire par contre d’une quelconque personnalité politique pour s’émouvoir du défilé des prétendantes à l’élection au Koropa, dont l’une exhibait un string flatteur mais peu conventionnel sur ce territoire. Extrait repris sur un ton moqueur dans l’émission « C à vous » sur la 5.
Le conseil départemental aussi donne de la voix par la 4ème vice-présidente Zouhourya Mouayad Ben, Chargée de la culture et de la jeunesse. Elle n’appelle pas directement à la destitution, mais évoque une « provocation inutile et gratuite » et en face, « des excuses timides », et parle elle aussi de la charte pour mettre les organisateurs devant leurs obligations, « ils doivent en tirer toutes les conséquences ».
La jeune Anna Ousseni aurait dû regarder en arrière, et prendre note de la tempête qu’avait suscitée la robe de miss Mayotte il y a quelques années. Elle aurait alors accroché une fleur à sa boutonnière, et pas aux couleurs d’un drapeau polémique !
A.P-L.