Peu savent que Samani Concept est sortie de l’imagination d’une jeune native de Mayotte, Farda Mari, alors étudiante en Master 2 Droit, économie, Gestion Mention Management et Gestion de projets. Son projet de fin d’études devait porter sur la création d’une entreprise. Elle imagine alors le concept de Samani, une enseigne où l’art de la maison se décline à travers plusieurs univers, du mobilier à l’épicerie fine en passant par les objets de décoration, avec une forte empreinte “fait-maison”. Mais il s’agit aussi de faire découvrir le savoir-faire artisanal, « boudé par la population au profit de produits importés de qualité parfois discutable », mentionne le dossier qui résume son parcours.
Elle s’associe avec Soifaoui Loutfi, titulaire d’un MBA International, d’un Master en Management des entreprises, d’un Master 2 Communication et d’une formation Chef de projet/Webmaster délivrée par l’école Multimédia Paris, notamment pour donner naissance à CRéA PéPITES, une société d’ingénierie et de conseil en développement de projets.
En 2018, dans le cadre de la rénovation du quartier prioritaire de M’gombani, des aides sont octroyées pour occuper les locaux commerciaux. La décision d’implanter la boutique Samani Concept est prise, elle sera aussi un lieu de formation pour les jeunes en études de vente ou de gestion de projets. « Plus qu’un concept store, c’est une philosophie, un art de vivre », indiquent-ils. Et c’est vrai que la boutique ouverte en 2019 dégage une atmosphère apaisante, on est hors du temps. Un espace est aménagé pour prendre un café ou un thé. C’est la déclinaison du mot « concept » qui se veut aussi un lieu de vie et de rencontres. Les prix sont au niveau de la qualité proposée, mais ils ne partent pas dans les tours.
Samani fait des petits
« A l’époque à Mayotte, il n’y avait pas beaucoup de magasin spécialisés en mobilier et décoration. Il y avait Méga. Mais nombreux sont les commerçants qui partaient directement à Dubaï. Ce qu’ils ramenaient n’étaient pas à mon goût et je trouvais vraiment dommage de délaisser la menuiserie traditionnelle qui travaillait des matières nobles, de qualité. ET puis mon séjour dans l’Hexagone m’a permis de voir à quel point on pouvait avoir le choix », rapporte Farda Mari. Un menuisier ébéniste est mis à disposition pour ceux qui veulent concevoir leur propre mobilier. Toute l’étendue de la gamme Samani Concept et des services en un clic.
Et l’idée va rapidement faire des petits. A Madagascar tout d’abord où une boutique ouvre en 2020 à Tananarive, puis depuis décembre 2021 en métropole, à Aixe-sur-Vienne, prés de Limoges (Haute-Vienne). « Ce nouveau point de vente de prés de 200m2 doit à terme accueillir de plus en plus de productions artisanales mahoraises. L’objectif est de devenir un acteur économique qui compte dans la région Nouvelle Aquitaine. L’une des futures étapes de Samani Concept sera d’éditer ses propres produits de maison et de décoration, issus de ses propres ateliers », précisent-ils. Ils cherchent également des artisans de Mayotte qui répondraient au cahier des charges de Samani Concept, pour confectionner des objets destinés à la vente, « que ce soit en matière d’épicerie fine, en artisanat ou en pur produit décoratif ».
Une boutique-école
Pour s’étendre dans le canal du Mozambique une étude de marché a été réalisée en Tanzanie et au Kenya, une démarche ralentie par la fermeture sanitaire des frontières.
Samani Concept c’est aussi une boutique-école donc, qui prend des jeunes en formation, et « qui va mettre en place d’autres ateliers, et des actions un peu plus poussées », complète Soifaoui Loutfi.
Des évènements sont également proposés, avec l’exposition « Céramiques de Mayotte » en juillet 2020, l’événement « le Gang des papas » en juin 2021 qui a mis en avant les pères de famille et leurs enfants, ou encore les humoristes du Jamel Comedy Club venus proposer leur spectacle.
L’enseigne travaille avec plusieurs marques : l’espagnole Kave Home pour Mayotte et Madagascar, About Vintage pour les montres, Kusmi Tea, Inaya Zanzibar pour les produits de bien-être et la scandinave Bloomongville pour le mobilier de décoration.
Et les deux mahorais partent désormais à la conquête de Lisbonne (Portugal), appuyés par l’entrepreneuse mozambicaine Guiyani Monteiro. Le projet Centro Sul (Centre du Sud) a vocation de « devenir une ambassade des cultures africaines en Europe ».
A.P-L.