« La Journée internationale des droits de l’enfant a pour objectif de rappeler que tous les enfants dans le monde ont des droits et que les adultes ont des devoirs envers eux. Nous devions célébrer cette journée le 20 novembre dernier afin de marquer la date anniversaire de la signature de la Convention internationale des droits de l’enfant, mais nous n’avons pas pu car il y avait à cette même date les Rencontres territoriales de la protection de l’enfance en Guadeloupe. Malgré ce décalage temporel nous voulions quand même célébrer ce symbole et rappeler notre message », précise Antoissi Abdou-Liharti, directeur de la Protection de l’Enfance, chargé de la mise en œuvre de l’Aide sociale à l’enfance.
Un des droits fondamentaux des enfants est l’accès à l’éducation et à l’instruction
Comme le rappelle le directeur de la Protection de l’Enfance, « un enfant est un adulte en devenir et devient ce qu’on en fait ! ». Aussi, la société adulte à une grande responsabilité dans l’éducation et dans l’avenir des enfants, mais également les États dans la mesure où ils doivent garantir la scolarisation de ces futurs citoyens. Or dans le 101e département on est loin du compte selon Antoissi Abdou-Liharti. « D’après une étude faite par une université parisienne il y aurait entre 8.000 et 10.000 enfants de 3 à 16 ans qui ne seraient pas scolarisés à Mayotte, ce qui est très problématique pour un territoire de la République… Beaucoup de gamins sont livrés à eux-mêmes, ils errent et sont en marge de la société car ils n’ont pas accès à l’éducation ni à l’instruction ».
C’est ce que confirme en substance le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, qui demande aux collectivités d’enregistrer les élèves non scolarisés afin d’objectiver ces chiffres car il y aurait, selon lui, plus de 6.500 enfants de petite à grande section de maternelle qui n’iraient pas à l’école faute d’être recensés. Ainsi les droits fondamentaux pour les enfants à Mayotte ne sont pas assurés pour beaucoup d’entre eux. « À Mayotte la priorité c’est la scolarisation, il y a énormément de travail à faire sur ce sujet, explique le directeur de la Protection de l’Enfance. C’est un énorme handicap pour le territoire. On travaille dans l’urgence (…), l’Aide sociale à l’enfance (ASE) a une charge énorme », constate-t-il.
Les collectivités locales ont un rôle à jouer dans l’éducation de la jeunesse mahoraise
Antoissi Abdou-Liharti et Madi Moussa Velou souhaitent impliquer davantage les collectivités dans l’éducation et l’instruction des enfants afin d’éviter qu’ils soient oisifs. « Sur notre territoire la délinquance juvénile est beaucoup trop importante, cela doit nous alerter. Nous devons collectivement nous occuper de nos enfants et s’interroger sur ce qui ne va pas afin d’améliorer les choses. L’instruction pour tous les enfants de ce territoire doit être une priorité, pour cela nous devons mener une politique pro active à la fois de la part des collectivités locales, mais aussi des intercommunalités afin qu’il y aient des structures adaptées et des activités proposées à la jeunesse pour lutter contre l’oisiveté », a ainsi déclaré le vice-président du Conseil départemental en charge de la Solidarité, de l’Action sociale et de la Santé, allant ainsi dans le même sens que le directeur de la Protection de l’Enfance qui appelle les collectivités à mettre en place des dispositifs pour la jeunesse.
« Il y a des choses à faire… faut que tout le monde s’y mette ! », insiste-t-il. Car en effet, même si le Département va continuer à s’engager pour protéger les enfants tout en favorisant la construction d’un avenir meilleur pour leur épanouissement, cela doit passer pour Madi Moussa Velou par un travail collectif et l’implication de tous. « Je continuerai à me battre avec force et convictions pour la mise en œuvre de nos ambitions, mais nous devons aussi nous mobiliser toutes et tous ».
Durant une journée parents, élus, professionnels ou encore familles d’accueil ont ainsi pu échanger et partager leurs expériences autour de conférences liées à la protection de l’enfance, afin d’améliorer les conditions de vie des enfants à Mayotte et ainsi renforcer l’accès à leurs droits fondamentaux.
B.J.