Contrairement à ce que sa couleur aurait pu présager, le grand camion rose installé dans la cour du lycée hôtelier de Kaweni ce jeudi n’était pas celui de la célèbre société d’assainissement de Mayotte, mais bien celui dédié à la sécurité routière ! A l’intérieur, plusieurs écrans de simulation des effets de l’alcool sur la conduite sont présentés à une classe de CAP du lycée. « Pour la plupart d’entre eux, c’est une découverte totale ! », déclare David Louvel, l’un des agents de l’association EPROM-ADDICT, chargé d’animer cette séance avec son collègue Hassane Abdou. Il faut dire que les élèves concernés, âgés de 15-16 ans, n’ont pour la plupart pas encore appris à manier un véhicule et aucun d’entre eux n’aurait certainement souhaité évoquer une consommation éventuelle d’alcool au cours de la séance. Sensibiliser les jeunes à ces dangers aura peut-être pour effet futur de limiter les accidents de la route à Mayotte, c’est du moins ce qu’espère la préfecture.
C’est en effet en constatant le nombre élevé d’accidents de la route meurtriers au cours de ces dernières semaines que celle-ci a décidé de lancer sa campagne de prévention « Vivant, pas immortel ». Huit accidents mortels sur les routes mahoraises ont été enregistrées depuis le début de l’année, ce qui est davantage que sur l’ensemble de l’année 2023. La campagne se veut ancrée dans la réalité en y intégrant des messages inspirés de situations concrètes de la vie quotidienne des Mahorais. Le but étant de les sensibiliser aux dangers qu’ils peuvent rencontrer, et surtout éviter, sur la route. Outre les huit morts, on déplore également 163 blessés et 42 blessés grave dans des accidents de la route cette année sur l’île.
Alcool, vitesse et téléphone : les facteurs majeurs d’accidents de la route
Si les dangers de l’alcool au volant sont bien connus, cela n’empêche pas les consommateurs de ne pas se rendre compte des effets que cette boisson a sur leur cerveau et de souvent prendre le volant avec un taux d’alcoolémie supérieur à celui autorisé. Le simulateur installé dans le camion rose avait l’avantage de rendre ces effets concrets en modifiant les perceptions des élèves qui l’ont testé comme le ferait une consommation excessive d’alcool. Mais un autre danger, connu également et pourtant encore plus fréquent, guette tout particulièrement les jeunes générations : l’utilisation du téléphone portable au volant.
Par ailleurs, les défauts de permis et d’assurance, particulièrement fréquents sur notre île, sont également un gros facteur accidentogène. « Il existe pourtant de nombreux dispositifs pour aider les personnes précaires à payer leur permis, comme les auto-écoles solidaires par exemple », indique Nicaise Eloidin, la déléguée du préfet en charge de la sécurité routière. Cette dernière pointe également du doigt un autre facteur majeur d’accidents : la vitesse. En multipliant les actions de préventions, la préfecture espère que les comportements à risque au volant diminueront. Afin de renforcer encore cette prévention, elle lancera même les premières Assises de la Sécurité Routière le jeudi 24 octobre prochain afin de « réduire de manière drastique le nombre d’accidents et de victimes sur les routes à Mayotte ».
N.G