« L’arbre des griots » est un spectacle à tiroirs où le merveilleux se dispute au mythe des origines. « Nous avons voulu raconter comment, selon la légende, le baobab a transmis les contes à Adama, le premier conteur », révèle Zanpier, le conteur réunionnais. « Alors qu’un génie le guidait sur le chemin de sa destinée, il s’endort dans le creux de l’arbre et deux contes lui viennent dans son sommeil. Ce sont ceux que nous avons créés avec N’tro », ajoute-il. L’histoire de la découverte des contes par les hommes, « Le ventre de l’arbre », est une reprise d’un texte d’Hassan Kouyaté, conteur et comédien burkinabais, mais les deux autres contes insérés dans celui-ci, « Les trois sœurs » et « Le don des djinns », sont des créations originales de Zanpier et N’tro.
Le projet a été initié par l’association culturelle mahoraise Hippocampus, en partenariat avec les TEAT départementaux de La Réunion (établissements artistiques), dans un but de rencontre artistique entre les deux îles et de meilleure cohésion sociale. En faisant se croiser les racines africaines, créoles et mahoraises au sein de ce spectacle, les deux conteurs prônent le vivre-ensemble entre les différents peuples et nations. « En racontant l’histoire du premier « griot » (conteur d’Afrique de l’Ouest), nous le ramenons peu à peu dans l’océan Indien pour mettre en avant les racines africaines communes à nos deux îles », explique N’tro, le conteur mahorais. Ce brassage culturel sera souligné par l’emploi, au sein du spectacle, de 4 langues : le français, bien sûr, mais aussi le créole, le shimaoré et le kibushi.
Remettre les instruments traditionnels au goût du jour
Très axé sur le jeu théâtral entre les deux conteurs, ce spectacle est aussi musical et sera rythmé par de nombreux instruments traditionnels d’Afrique et de l’océan Indien. Le gaboussi de Mayotte et la kora africaine seront notamment au rendez-vous. « Nous avons souhaité faire revivre et mettre en valeur ces instruments qui ne se jouent plus beaucoup dans l’océan Indien », précise N’tro. « Ce sont eux qui portent les esprits des djinns africains ! », ajoute-il malicieusement.
Normalement prévue sur 2 mois, cette résidence a finalement dû se faire en 3 semaines pour des raisons « de calendrier ». Emballés par l’harmonie artistique qu’ils se sont découvert, les deux conteurs se sont lancés dans un projet ambitieux, malgré la contrainte de temps, pour offrir aux spectateurs une œuvre à la fois littéraire, théâtrale et musicale de 45 minutes. Celle-ci sera jouée pour le grand public ce jeudi 12 septembre à 18h à la MJC de Kani-Kéli et ce vendredi 13 septembre à la MJC de M’gombani à Mamoudzou. Le spectacle sera ensuite présenté dans les écoles. Des représentations sont également prévues à La Réunion, notamment au théâtre Champ Fleuri de Saint-Denis.
Nora Godeau