Le commerce de proximité que symbolisent les doukas, semble être à la veille d’une révolution copernicienne. Le projet d’expérimentation Douka 2.0 de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et du Conseil Départemental de Mayotte entend encourager la mue de ces commerces afin d’assurer la pérennité de leur activité au regard de la concurrence des acteurs de la grande distribution de l’île.
Une expérimentation grandeur nature
Concernant 150 doukas sur les 6000 environs que compte le territoire de Mayotte, le projet Douka 2.0 constitue « une sorte de prototype grandeur nature d’un nouveau modèle économique pour les petits commerces de proximité », dont la finalité repose sur la « vente de produits différenciés des enseignes de la grande distribution » en constituant « des circuits courts pour les producteurs locaux », renseigne Zoubair Ben J. Alonzo. Joint par téléphone, ce dernier explicite les contours de cette ambition : « l’objectif c’est que toutes les petites productions locales aient leur propre circuit de distribution avec les doukas 2.0 ».
Production agricole, production artisanale mais aussi produits transformés à l’instar des plats préparés dans les villages, les doukas de nouvelle génération permettront donc « d’acheter des produits du terroir », note M. Alonzo. Une aubaine, selon lui, aussi bien pour les gérants de ces petits magasins mais également pour les producteurs locaux puisque ces derniers « produisent et vendent leurs récoltes ».
Développer les productions et la consommation de produits du terroir
« Pendant qu’ils s’occupent de la vente, ils ne s’adonnent pas à leur activité de production ce qui nuit à leur développement, la vente n’étant pas leur métier », constate Zoubair Ben J. Alonzo. Ainsi pour faciliter au mieux la mise en relation Douka-client, une marketplace numérique pour développer le e-commerce sera également créée. Une innovation selon le DGS qui s’explique par le fait « que suivant les communes, les producteurs ne produisent pas forcément la même chose ».
Pour alimenter les étalages des doukas, la CCI est en train de constituer un partenariat avec la Chambre d’Agriculture, de la Pêche et de l’Aquaculture de Mayotte afin de constituer un réseau de producteurs agricoles dans les différentes communes. Concernant l’artisanat, la CCI travaille de concert avec la Chambre de métiers et de l’artisanat. Ce nouveau modèle économique est aussi la garantie pour les gérants des magasins ainsi que pour les producteurs de sortir de l’informel avec « une traçabilité des produits afin que le consommateur puisse leurs accorder toute sa confiance », souligne le DGS.
Une modernisation enclenchée dès la fin de l’année
Dans l’immédiat ce sont donc 150 doukas qui ont été retenus en prenant justement en considération leur capacité à être accompagnés afin de sortir de l’informel. Pour parvenir « au franchissement de ce cap », la CCI prévoit, selon les magasins concernés un budget compris entre 6000 à 6500 euros afin de réaliser « le rafraîchissement des boutiques, les mises aux normes, la formation ». Une aide certes, mais pas de subvention nuance néanmoins le DGS. Il s’agit de montrer, grâce à ces aménagements, qu’un « nouveau chemin économique peut être emprunté ». L’expérimentation sur l’échantillon initial s’échelonnera tout au long de l’année 2023. Le début de l’opération de modernisation des doukas sélectionnés devrait voir le jour d’ici la fin de l’année.
En outre, en complément de ces rénovations, la CCI déploie d’ores et déjà son opération « Bons d’achat ». L’objectif est de redynamiser l’attractivité des petits commerces de proximité en soutenant les achats dans ces magasins. A ce titre, une convention a été signée entre l’institution et la Communauté de communes du Centre-Ouest lors de l’inauguration du marché couvert de M’Tsangamouji. Des initiatives aux perspectives prometteuses au regard du lien de proximité unissant les consommateurs aux Doukas.
Pierre Mouysset