Dembéni : Cohésion sous couvert de jeux de société

Ce lundi matin, la commune de Dembéni lançait son tout premier Festival de Jeux de Société, en la MJC du village d’Ongojou, réunissant ainsi ses jeunes ado, originaires des différentes localités de la zone et inscrits dans le cadre de l’Accueil collectif de mineurs (ACM).

Ils étaient au total près d’une bonne cinquantaine, âgés entre 13 et 17 ans, à venir se divertir d’une manière saine, ludique et créative, ce lundi 8 janvier pluvieux, en la Maison des jeunes et de la culture (MJC) du village d’Ongojou. Un challenge tant logistique que social sachant les tensions et rivalités intervillages connues de tous, qui ne cessent d’alimenter tristement l’actualité du territoire.

Concentration, attention et tentative de déstabilisation… On ne triche pas, on joue !

Les Ceméa* Mayotte à l’oeuvre 

Pour organiser tout cela, il aura fallu plus d’un mois de préparatifs afin de coordonnées les différents partenaires, les associations de la commune et les équipes du Service animation jeunesse et sport de la Ville de Dembéni; ramifié et en action en les respectifs villages d’Iloni, d’Hajangoua, d’Ongojou et de Dembéni donc.

M.Soulaïmana impose le respect à son jeune adversaire dans cette partie endiablée de Passe-trappe…

À la baguette de tout ce folklorique orchestre, Miki Soulaïmana, membre permanent Ceméa Mayotte, pôle parentalité et responsable des formations volontaires Bafa/Bafd : « Notre méthode, lorsque l’on fait appel à nos services, c’est d’arriver avec nos techniques et nos connaissances, de transmettre ces dernières au public concerné afin de lui offrir par la suite une pleine autonomie grâce aux compétences acquises. Dans ce cas précis, notre but était vraiment de sortir le nez de cette jeunesse toujours collée à son téléphone, tout en les poussant à l’ouverture en une atmosphère décontractée ». C’est ainsi que pendant près de 5 jours, la semaine passée, les différents jeunes ont élaboré eux même les conception et création de leur(s) jeu(x), voyant ce jour les nobles récompense et mise en valeur du fruit de leur créativité qu’ils apprécient avec d’autres, à travers ce ludique terrain bien concret.

Et c’est pas fini…

Le Festival continue ce mardi 9 janvier et se veut ouvert à tous

Dès ce mardi, le Festival de jeux de la ville ouvrira ses portes au tout-venant, durant toute une matinée, dès 8 heures, au plateau polyvalent de Dembéni. Ainsi, dans un échange intergénérationnel et familial, petits et grands pourront, entre autres, rivaliser dans la bonne humeur autour de ces jeux élaborés par les jeunes de l’ACM mais pas que… Au programme, diversité, convivialité et partage, à l’image de cette matinée sans heurts, nourrie généreusement de jovialité, de taquinerie et de saine compétition.

Annie (ruban coloré sur la tête) voit en ces initiatives une manière de reconnecter les jeunes à l’ouverture d’esprit, à la connaissance et donc la souplesse et la tolérance

Comme quoi, reconnecter la jeunesse à l’essentiel, lui montrer son potentiel et la révéler fait toujours des miracles et ce, quelles que soient les tensions ! Cette forme d’interconnexion dans le monde réel, faisant un pied de nez au virtuel et à l’abstrait 2.0, c’est aussi une manière de tisser des liens entre les villages, comme nous l’explique Annie, 24 ans, formatrice Bafa et animatrice Ceméa : « Créer des échanges en dehors de son cercle habituel, et bien souvent renfermé et limité en son village voire son quartier, c’est aussi s’offrir la possibilité de débloquer des situations, par la suite, lorsque l’on rencontrera des jeunes d’autres bandes extérieures. On sort de sa routine pour se reconnecter à la vraie vie. C’est la trame de fond de mon travail. Créer des relations avec ces jeunes, interagir, communiquer, leur donner le pouvoir et les clés pour se révéler; je peux vous assurer qu’ils sont extrêmement reconnaissants et n’ont pas la mémoire courte. Je le constate au quotidien lorsque certains viennent spontanément me saluer dans la rue. Par un contact, un échange, un mot, on peut changer la vie de quelqu’un voilà la réalité et ce pourquoi j’aime ce métier ».

Il est des jeux internationaux qui ne se démoderont jamais…

Qu’il soit question de cartes, de dominos, de dés, de Katra ou encore de Passe-trappe, tout le monde s’est pris au jeu oubliant, le temps d’une matinée, ces stériles notions de territoires, de virilité, d’honneur, de réputation, de vengeance et de rivalité. Notre rédaction a bien entendu totalement adhéré vous donnant rendez-vous, dès ce mardi, en famille ou entre amis, en la commune de Dembeni. Une première qu’il serait fort appréciable de renouveler et pourquoi pas, de manière simultanée, à travers tout le département… À vos marques, prêts, jouez ! 

 

MLG

 

*Les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active sont un mouvement de personnes engagées dans des pratiques autour des valeurs et des principes de l’Éducation nouvelle et des méthodes d’éducation active, pour transformer les milieux et les institutions par la mise en action des individus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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