Pouvez-vous vous présenter et nous rappeler votre parcours politique ?
Afidati Mkadara : Je suis une mère de famille de 48 ans, chargée d’études économiques à l’IEDOM depuis 2006. J’ai été élue conseillère municipale de la commune de Boueni en 2008 puis, en 2015, j’ai été élue conseillère départementale de cette même commune. J’étais alors affiliée au parti MPM (Mouvement Populaire Mahorais). Ce dernier soutenait le parti centriste du MODEM qui, lui-même, a soutenu la candidature d’Emmanuel Macron en 2017. J’ai donc été amenée à le soutenir moi-même. Mais, à partir de 2018, lorsque la feuille de route de la « communauté des archipels » a été présentée et à la suite de certains propos du président semblant remettre en cause la pertinence du statut de département de Mayotte, je me suis mise à douter. Je ne me suis plus reconnue dans sa politique, d’autant que la violence n’a cessé de monter depuis sur notre île et que beaucoup de promesses gouvernementales n’ont pas été tenues. J’ai alors réalisé que le programme du Rassemblement National correspondait davantage aux attentes des Mahorais. Lors de la dernière venue de Marine Le Pen sur le territoire, nous avons échangé ensemble et c’est la raison pour laquelle elle a proposé mon nom pour remplacer Saidali Boina Hamissi sur la liste de Jordan Bardella aux élections européennes.
Comment les députés RN comptent-ils orienter les décisions européennes afin d’améliorer la situation à Mayotte ?
Afidati Mkadara : Le pacte Asile et Immigration va forcément impacter Mayotte. Il prévoit d’escorter et de protéger les immigrés clandestins qui arrivent sur les territoires européens et c’est ce qui est en train de ce passer sur notre île. Ce pacte oblige les différents Etats de l’U.E à « se partager » le nombre d’immigrés clandestins arrivant en Europe, ce que le RN remet en cause. Nous sommes favorables au contraire à un Etat-nation restant souverain pour confier ses propres missions à l’agence FRONTEX. Nous souhaiterions qu’elle puisse arraisonner les bateaux et renvoyer directement les immigrés clandestins là d’où ils viennent. Nous ne remettons pas pour autant le droit d’asile en question, mais souhaitons créer des ambassades dans les pays où des conflits sont en cours afin que les personnes puissent faire leurs demandes directement dans leurs pays d’origine sans avoir besoin de venir clandestinement en Europe, donc dans le cas qui nous occupe, à Mayotte. Concernant le développement économique, nous considérons que les fonds européens doivent financer la gestion de la crise de l’eau et celle des déchets sur notre île. Pour cela, ces fonds devraient être confiés directement à l’autorité de gestion compétente sans passer au préalable par l’Etat. Il est temps de donner des projets structurants à Mayotte en développant notamment les filières pêches et agriculture. Les députés RN font beaucoup de lobbying pour ça au sein du parlement européen.
Que pensez-vous du fait que certains partis alliés du RN au parlement européen plaident pour « un retour de Mayotte aux Comores » ?
Marine Le Pen s’est dressée contre le parti allemand AfD qui a tenu ces propos. En raison de cela, mais aussi d’autres points de désaccord, le Rassemblement National a fini par rompre avec lui et ce ne sont plus nos alliés au niveau européen aujourd’hui. Evidemment, pour l’instant, le groupe où siégeront les députés RN n’est pas majoritaire, mais, au vu des sondages, il va sans doute s’élargir et peser dans les décisions prises pour l’Europe et donc pour Mayotte. Le gouvernement Macron a abandonné Mayotte, il la laisse dans le chaos ! J’attends donc les Mahorais massivement dans les urnes le 9 juin prochain pour voter pour la liste de Jordan Bardella aux élections européennes !
Propos recueillis par N.G