Des centaines d’écoliers de l’archipel sont toujours privés d’enseignants deux mois après la rentrée scolaire. Une situation qui complique la sérénité des cours et l’organisation scolaires des établissements. Les affectations, traditionnellement bouclées au mois de septembre, ont connu des retards à cause surtout d’une série de contrôles initiée par le ministère de l’Education nationale.
« En attendant le recrutement d’un enseignant ou d’un bénévole, je suis obligée d’assurer les cours pour cette classe de CE2 », a fait savoir Saandia Darouèche, directrice d’une école primaire de la capitale, Moroni. Et elle de poursuivre : « Quatre enseignants vont devoir partir à la retraite au milieu de l’année scolaire : deux au mois de décembre et deux autres au mois de mars 2026 ».
Un sureffectif élevé dans certaines divisions
La situation touche presque toutes les îles. « L’an dernier, j’étais obligée d’alterner les enseignants… certaines classes n’avaient cours que deux ou trois jours par semaine au lieu de cinq », s’insurge Haydat Saïd Omar, une autre directrice d’une école primaire à Anjouan qui dévoile un autre problème : un sureffectif élevé dans certaines divisions.

Á Anjouan, le directeur de l’enseignement primaire, Kaldine Soihibou, reconnait cette problématique. « Les rapports de fin d’année ont fait état d’un manque de 249 enseignants. Pour cette rentrée, nous n’avons pas encore reçu tous les rapports : une vingtaine de chefs d’établissement ne les ont pas encore transmis. Il est donc difficile d’établir un chiffrage précis », explique-t-il au journal Al-watwan.
Á la Grande-Comore, les responsables en charge de l’enseignement n’ont toujours pas communiqué le nombre d’enseignants faute de rapports consolidés de l’ensemble des établissements. La direction en charge de l’enseignement primaire de l’île assure toutefois que « des recrutements sont déjà engagés, notamment à Moroni, et que les nouvelles recrues devraient bientôt prendre leurs fonctions », toujours selon le journal. « Il s’inquiète néanmoins du surdimensionnement des classes, et rappelle qu’une division devrait idéalement compter entre 35 et 45 élèves, alors que certaines dépassent aujourd’hui les cinquante », a-t-il ajouté, de même source.
Un phénomène endémique dans l’archipel
La pénurie d’enseignants touche encore les collèges et certains lycées mais avec des conséquences plus ou moins limitées. Ainsi, au niveau du secondaire, ce sont « certaines disciplines » qui n’ont toujours pas de titulaires alors que l’on s’achemine vers les examens du premier trimestre. Un responsable de l’IGEN (Inspection générale de l’Education nationale) explique que « la stabilisation de cette situation ne peut pas se faire avant deux mois » au vu, selon lui, « du retard pris par les chefs d’établissement de fournir leurs rapports de la rentrée dans les délais prévus ».
Le manque d’enseignants est devenu un phénomène endémique dans les écoles publiques de l’archipel depuis bien des années. Si des recrutements sont régulièrement procédés chaque année pour combler le déficit d’enseignants, nombreux sont ceux qui, une fois recrutés, tournent le dos à l’enseignement, devenu un passoir pour s’enrôler, avec la complicité de certains responsables, dans d’autres secteurs, jugés peu pénibles, attractifs en termes d’avantages et faciles à s’accrocher. D’où la conséquence de cette pénurie récurrente d’enseignants dans le secteur éducatif comorien.
A.S.Kemba


