Cybersécurité, santé mentale, télésanté et reconstruction post-cyclones étaient au cœur des échanges, avec une ambition commune : renforcer la coordination, sécuriser les pratiques et accompagner, pas à pas, la transformation numérique du territoire.
Une édition qui confirme l’importance du numérique en santé

La deuxième édition d’e-Nov Mayotte a rassemblé ce samedi un large public au Technopôle de Dembéni, confirmant son rôle croissant dans la structuration du numérique en santé sur le territoire. Très attendue, cette journée d’échanges a permis aux professionnels de partager leurs besoins et leurs retours d’expérience, tout en découvrant les dispositifs déployés pour moderniser et sécuriser leurs pratiques.
Yrène Prat, responsable de l’agence GCS TESIS de Mayotte, insiste sur l’importance de ce rendez-vous annuel, véritable catalyseur de dialogue. « Pour cette 2e édition, c’est un vrai renforcement de lien avec les professionnels de santé et nos partenaires institutionnels également ». Interrogée sur les évolutions majeures du numérique en santé à Mayotte, celle-ci nuance. « Le terme évolution majeure, c’est énorme. Je trouve qu’il faut aller étape par étape chez nous à Mayotte, surtout après le passage des 2 cyclones (Chido et Dikélédi) ». Elle rappelle que la thématique de la santé mentale a été intégrée aux enjeux de reconstruction, qu’elle soit matérielle, sociale ou psychologique.
Cybersécurité : la priorité pour protéger les données sensibles
La cybersécurité est une priorité, comme le souligne la responsable de GCS TESIS. « Il est important de sécuriser les données patients. On voit certaines mauvaises pratiques, comme par exemple, l’utilisation de WhatsApp par des professionnels de santé, ce qui n’est pas du tout conforme. Notre rôle, c’est de sensibiliser, d’accompagner et de guider vers des solutions plus sécurisées ».
Santé mentale et numérique : un équilibre à trouver

La santé mentale à l’ère numérique constitue un autre axe majeur, dans un contexte où auto-diagnostic, technologies connectées et manque de rendez-vous modifient profondément les usages. Yrène Prat met en garde : « Cet usage n’est pas seulement pour les patients mais aussi pour les professionnels de santé. Il faut éviter de mettre des données sensibles dans les chatbots ou outils d’IA générative ».
L’après-midi a été ensuite consacré à la télésanté, un enjeu important à Mayotte où la pénurie de professionnels de santé persiste. Elle rappelle que « la télémédecine et la télésanté sont essentielles. On va partager les stratégies nationales à déployer en cohérence avec les pratiques du territoire ».
En parallèle, un atelier collaboratif a interrogé la manière d’intégrer le numérique tout en respectant les valeurs et la culture mahoraises. « Souvent, on pense déployer la technologie sans tenir compte de la culture. Il faut aller étape par étape, comprendre le territoire, ses valeurs », insiste-t-elle.
Des progrès concrets depuis la première édition
À l’issue des échanges avec les professionnels de santé, la responsable de GCS TESIS espère « que les professionnels de santé n’aient plus peur du numérique et qu’ils sachent qu’il y a une équipe dédiée sur place. Vous nous dites et on vient ! ».

Depuis la première édition, les usages numériques ont nettement progressé. Yrène Prat cite notamment la montée en charge du Dossier Médical Partagé (DMP). « On est déjà à 16.000 alimentations de DMP en 2025. Cela facilite la continuité de soins pour les patients ». Elle mentionne aussi : le déploiement de Pandalab Pro, utilisé actuellement par plus de 200 professionnels de santé à Mayotte et les exercices de simulation de cyber-attaque dans les établissements de santé.
Pour 2026, l’objectif sera de consolider les acquis tout en explorant de nouvelles pistes. « Nous allons continuer nos efforts sur ce qui existe déjà, et c’est vrai qu’il y a d’autres sujets aussi qu’on va mettre en place, mais cela est encore en train d’être étudié ».
Nayar Said Omar


