À Mayotte, ce n’est pas seulement la pluie qui tombe ces derniers jours. Dans les rues de Mamoudzou et des villages alentours, les habitants consultent plus que d’habitude : fièvre, courbatures, fatigue… et parfois la crainte de confondre ces symptômes avec ceux du chikungunya. « On craignait une recrudescence du chikungunya, mais si les symptômes peuvent parfois se ressembler, c’est bien la grippe qui marque son territoire cette saison », explique un médecin de l’île.
Une progression de l’épidémie chez tous les âges

Le bulletin de Santé publique France du 26 novembre confirme la progression du virus. L’agence note que l’activité grippale augmente « dans toutes les classes d’âge dans l’Hexagone, indiquant un démarrage de la circulation des virus grippaux en population générale et particulièrement chez les enfants ». Mais là où certaines régions métropolitaines sont seulement en pré-épidémie, comme en Île-de-France, Normandie et Nouvelle-Aquitaine, Mayotte est passée en épidémie, avec une circulation active du virus dans toute l’île.
Les virus de type A touchent l’ensemble des tranches d’âge, contrairement à l’Hexagone où la grippe reste concentrée chez les enfants. La zone tropicale et la saison des pluies favorisent la propagation : promiscuité, humidité, pluies abondantes… autant de facteurs qui accélèrent la transmission.
La santé sous pression
Hôpitaux et pharmacies ressentent déjà la tension. Les consultations augmentent, et les urgences voient plus de passages liés à la grippe. Santé publique France remarque que « le taux de consultations pour syndrome grippal était de 91 pour 100.000 habitants » (contre 59 pour 100.000 la semaine précédente) et que « le nombre de passages aux urgences pour syndrome grippal atteignait 1 551, soit 0,5 % des passages, contre 0,3 % la semaine précédente ».
Les gestes barrières restent essentiels. L’agence insiste : « Mettre un masque dès les premiers symptômes, se laver correctement et régulièrement les mains, aérer régulièrement les pièces ». Des mesures simples mais vitales, en particulier pour les personnes vulnérables.
Vaccination : un bon départ, mais il faut accélérer

La campagne vaccinale à Mayotte a débuté le 9 septembre 2025 et se poursuivra jusqu’au 31 janvier 2026. Elle cible prioritairement les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes à risque. Santé publique France rappelle que « le vaccin garde son efficacité pour limiter les formes graves et les hospitalisations ».
L’an dernier, seuls 1 292 habitants avaient été vaccinés. Cette année, le démarrage est plus encourageant, mais l’île doit encore rattraper son retard pour limiter l’impact de l’épidémie.
Une circulation régionale active
Si à Mayotte, la grippe a déjà pris ses quartiers, cette circulation intense se superpose à l’épidémie de bronchiolite, qui touche principalement les nourrissons : plus de 2 000 passages aux urgences et 765 hospitalisations la semaine dernière. Le Covid, lui, continue de reculer. Et dans le canal du Mozambique, la Grande-Comore connaît elle aussi un regain de grippe, avec 160 patients recensés dans un seul centre de santé en deux semaines. Un contexte régional qui rappelle que, ici, les épidémies circulent sans frontières.
Mathilde Hangard


