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Mamoudzou

Inauguration de logements à Dzoumogné, « on aimerait y habiter ! »

Malgré les crises, la SIM poursuit son objectif de sortir 500 logements par an. A Dzoumogne, le maire a été proactif sur la sortie de deux programmes de financement de 90 logements au total.

Heureusement qu’il y a les inter-crises à Mayotte pour inaugurer des logements et sortir la truelle ! Alors que l’hébergement est un frein premier à l’aménagement du territoire puisqu’il conditionne les démolitions d’habitats illégaux, toute sortie de terre de programme prend des allures de fête. D’autant plus quand il est coloré comme Dzou Mwessi à Dzoumogné. Ce qui vaudra au directeur de la DEALM, Jérôme Josserand, de souligner la qualité croissante des logements en accession très sociale, « la maitrise d’œuvre passe parfois pour être chère, mais désormais des gens modestes peuvent bénéficier de logement de qualité. On aimerait y habiter ! » Soulignant que l’Etat avait doublé la subvention au titre de la Ligne Budgétaire Unique (LBU).

Ce que soulignait la présidente du directoire CDC Habitat, filiale de CDC, Anne-Sophie Grave : « C’est la 3ème fois que je viens à Mayotte, et je veux saluer l’accompagnement de l’Etat en matière de logement à Mayotte plus que dans d’autres territoires. »

Deux programmes étaient inaugurés : la construction des 18 logements de Dzou Mwessi (Plantains en shimaore) occupés par des familles depuis l’année dernière, et la pose de la première pierre annonçant les futurs 72 logements de la résidence « Les Plantains », une lppellation décidément prisée par les décideurs du programme, issue d’un type de bananes légumes.

Pose de la 1ère pierre de la résidence « Les Plantains », en présence, au centre d’Anne-Sophie Grave

L’occasion de faire le point avec Ahmed Ali Mondroha, directeur général de la SIM et la présidente de son actionnaire majoritaire CDC Habitat, sur le rythme scruté de près de production de logements sociaux. On connait leur ambition de produire 500 logements par an, dopé depuis l’arrivée de CDC Habitat en 2019. On s’en approche, nous rapporte le directeur de la SIM : « Avec 335 logements livrés en deux ans, nous ne sommes pas encore sur notre rythme de croisière des 500 logements par an, mais nous sommes parvenus malgré tout à produire tout en traversant des crises fortes ces dernières années, sanitaire avec le Covid, hydrique, sociale et les actes de violence. Et nous avons bien une perspective de mise en chantier de plus de 500 logements. »

Terrains cédés à un euro… du gagnant-gagnant

Comme en écho des explications sur les difficultés à tenir la cadence, Philippe Pourcel, DGA de CDC Habitat chargé du réseau Outre-mer, parlait de foncier : « Il nous contraint, il faut produire du foncier. L’EPFAM va nous en mettre à disposition à Doujani, ce qui va  permettre à la SIM d’envisager des programmes, et un partenariat avec Koungou sur la ZAC de Carobole projette un permis d’aménager en 2024 et le début des travaux en 2025. Il y a un potentiel important de 400 logements et aménagements connexes, notamment des commerces ».

Plaque dévoilé par les présidentes de la SIM et de CDC Habitat

Le foncier, c’est aussi l’effort que peuvent faire les maires, « nous avons conventionné jusqu’à présent avec une dizaine d’entre eux, peu à peu, toutes les communes seront intégrées », se félicite Ahmed Ali Mondroha. L’effort du maire de Bandraboua est un exemple que l’intéressé lui-même, Fahardine Ahamada, mettait en avant : « Nous avons cédé ces terrains à la SIM pour un euro symbolique ». En contrepartie, la mairie bénéficie d’un contingent de réservation, c’est-à-dire qu’un quota de logement lui est alloué, pour en faire bénéficier les administrés étant identifiés par les services de l’Etat comme bénéficiaires potentiel. A qui le tour messieurs les maires ?

Déjà, parmi eux, quatre nouvelles conventions signées ce jeudi pour des productions d’ici 5 ans. C’est Bandrélé pour au moins 30 logements sociaux par an, comme Kani-Kéli, 30 logements sociaux par an, Ouangani avec au moins 50 logements sociaux par an, et Tsingoni, au moins 100 logements sociaux par an sur les cinq prochaines années. Ce qui incitait le président du Département Ben Issa Ousseni à voir dans cette inauguration « plus qu’un mur et des toits, c’est un partenariat solide entre les collectivités et la SIM ».

Des jardins partagés au pied des apparts

Les parcelles de jardins partagés à l’arrière de la résidence recevaient des plantations des mains de Ben Issa Ousseni et Fahardine Ahamada

Pas de freins financiers en tout cas s’il fallait accélérer le rythme, assure Ahmed Ali Mondroha  « d’ici 2030, nous aurons fourni plus de 7.000 logements supplémentaires, soit près d’un milliard d’euros investis grâce à l’appui de CDC Habitat ». C’est la Banque des territoires, le banquier de la CDC, qui vient en appui, en plus de l’apport de l’Etat par la LBU et les crédits d’impôts.

Parmi les logements sociaux inaugurés ce jour, de la location sociale et très sociale, et du Prêt locatif social. Les familles, toutes en situation régulière sur le territoire, contribuent pour une petite part au loyer, avec un reste à charge calculé par la Caisse d’allocation familiale en fonction de l’allocation logement perçue, fonction de la composition familiale.

On a assez reproché le format occidental des premiers immeubles érigés aux Hauts Vallons dans le cadre de la défiscalisation, pour que l’erreur ne soit plus dupliquée, et Moussa Attoumani, Directeur construction et rénovation à la SIM, nous brosse le profil de ces logements collectifs : « Ils sont tous dotés d’espaces ouverts, de varangues, de jardins pour les appartements du rez-de-chaussée, et de parcelles derrière l’immeuble pour les appartements en étage. Ils peuvent y planter des tomates, du manioc, etc. Nous prévoyons aussi un petit carré mutualisé pour organiser des fêtes comme des voulés. Cela doit coller au mode d’habitation local. »

Des locataires qui pourront déjà bénéficier d’une première plantation, de la main même des institutionnels invités ce jour. Ylang, bananier, il y en aura pour tous les goûts et tous les parfums !

« Arrêtons la surchauffe des coûts du BTP ! »

Chèque de 1,3 M€ signé par le directeur d’EDM Raphaël Ruat, à droite

Pas de climatisation de prévue, mais une ventilation naturelle qui nous laisse toujours perplexes, la météo actuelle nous en donnant une illustration. Avec une forte chaleur, et sans vent, c’est la fournaise assurée. Que diraient les locataires d’appartements dans le Nord de la France s’ils n’étaient pas équipés de radiateurs ? On nous rassure, les appartements sont équipés de brasseurs d’air et construits avec des normes bioclimatiques qui valent à la SIM de recevoir un chèque de 1,3 million d’euros « dans le cadre la mise en avant de l’efficacité énergétique, comme nous l’explique Nassim Saïd, Chargé des grands comptes chez EDM : « C’est un accompagnement financier dans le cadre de l’efficacité énergétique, à construire des bâtiments performants, bien isolés, dotés de chauffe-eau solaires, de bardage, de pare-soleil, de briques de terre comprimées, etc. »

Comme des champignons, les programmes sortent donc un à un de terre. Pour que cela continue, voire s’accélère, Jérôme Josserand appelait à trouver des solutions pour encadrer la hausse des coûts des matériaux, « il faut arrêter la surchauffe », illustrant son propos par les 15% supplémentaires mis par le ministère des Outre-mer pour la construction, « ils sont absorbés par la hausse du coût des travaux ! ». Difficile pour les professionnels du BTP d’invoquer la guerre en Ukraine, ou les attaques en mer Rouge, le sujet était déjà sur la place publique bien avant.

Enfin, Mayotte manque encore d’états des lieux dans de nombreux domaines, et celui-ci ne fait pas exception, poursuivait encore le directeur de la DEALM « nous n’avons pas de données fiables pour évaluer le besoin en logements à Mayotte. Il faut un Observatoire du logement ».

C’est une paire de ciseaux dans une main, une truelle dans l’autre que le maire de Bandraboua inaugurait avec ses invités les actuels et futurs logements de sa commune.

Anne Perzo-Lafond

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