Alors que des agressions se sont multipliées dans ou proche du cadre scolaire en métropole comme dans les Outre-mer, dont certaines mortelles, le premier ministre Gabriel Attal a livré un discours volontaire depuis Viry-Châtillon où le jeune de 15 ans, Shemseddine, a perdu la vie.
En préambule, le chef du gouvernement faisait à nouveau le constat que « L’autorité et la règle commune sont trop souvent défiées par certains jeunes. Cela nous rappelle à ce sentiment qu’une partie de nos adolescents glisse, lentement, vers une forme d’isolement, d’individualisme, et parfois même vers le pire : vers une forme de violence déchaînée, morbide, sans règle. »
Pas de généralisation donc, mais ne pas laisser les perturbateurs prendre le dessus et perturber la vie en société comme c’est désormais le cas à Mayotte. Beaucoup de parallèles à dresser d’ailleurs avec le département. Car si on répète à l’envi que la jeunesse est une chance, encore faut-il savoir la canaliser, ce que Gabriel Attal résume par, « La jeunesse de France, ça doit toujours être la promesse du meilleur. Mais ça peut aussi, et malheureusement, être parfois la réalité du pire. » On en sait quelque chose ici.
Pour avancer une batterie de mesure à la fois répressives, à la fois d’accompagnement, il se base sur une donnée : « il y a deux fois plus d’adolescents impliqués dans les coups et blessures, quatre fois plus pour trafic de drogue, et sept fois plus dans les vols avec armes que dans la population générale ».
Renverser l’individualisme vers l’intérêt collectif
Les responsabilités sont partagées en 5 axes. La famille tout d’abord. « Oui, il y a des parents sincèrement débordés. Et on doit les aider. Mais (…) il y a aussi des parents qui ne tiennent pas leurs enfants, qui n’assument pas leurs responsabilités, qui laissent prospérer la spirale de la violence. » Les écrans ensuite dont l’accès a commencé à être réglementé. Troisième point, l’influence religieuse, « l’entrisme idéologique ennemies de la République » Également, l’individualisme « forcené », « qui consiste à ne voir ses choix de vie qu’au prisme de droits individuels ». Enfin, l’absence de réaction de l’autorité sur ces jeunes, « les arrangements avec la réalité, une forme de ‘pas de vague’ généralisé a pu conduire à une impression de dissolution de l’autorité ».
On se souvient de la phrase du premier ministre, lors de sa déclaration de politique général : « Tu casses, tu répares. Tu salis, tu nettoies. Tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter. » Les mesures proposées collent à cette ligne directrice. Toutes ne sont pas applicables en l’état, notamment à Mayotte. Voici les principales:
- Scolariser tous les collégiens, notamment ceux des quartiers prioritaires, tous les jours de la semaine entre 8h et 18h
- Envoyer un jeune glissant vers la délinquance, dans un internat, loin de son milieu quotidien. Lors de la conférence de presse qui suivait le discours du Premier ministre, son conseiller éducation, Gilles Halbout, ancien recteur de Mayotte, soulignait que l’envoi vers un internat devait être vu par le jeune comme « une chance vers un meilleur apprentissage » et non un biais répressif
- Pour responsabiliser les parents, tout manquement à leurs obligations, sera réprimé et les parents défaillants pourraient faire l’objet de peine de travail d’intérêt général. Des amendes pourraient être délivrées aux parents, qui ne se présenteraient pas avec leurs enfants devant le juge des enfants
- Dans les familles monoparentales, quand un jeune commet des dégâts, les deux parents seront contactés pour payer les réparations. Rappelons qu’à Mayotte, un quart des femmes de 20 à 54 ans sont des mères isolées
- Les réseaux sociaux étant vu comme « un accélérateur de haine et un catalyseur de violence », par le premier ministre, l’usage des écrans sera régulé pour les jeunes. Une loi fixe désormais la majorité numérique 15 ans. « Il faut désormais la faire appliquer »
- En matière d’idéologie religieuse, le premier ministre a demandé au Garde des Sceaux de prendre une circulaire pénale pour considérer une agression en raison du non-respect de principes religieux, comme une circonstance aggravante
- La drogue, vue comme « la mère de toutes les délinquance », a incité les opérations place nette XXL dans différentes villes de France
- Les établissements les plus sensibles sont identifiés « pour que leur protection puisse là aussi monter d’un cran », 350 établissements supplémentaires seront accompagnés prochainement
- Pour plus de « civisme », dès la rentrée prochaine, l’ensemble des écoles primaires respecteront des temps hebdomadaires d’apprentissage du respect de l’autre. Cela comprend se lever dès qu’un professeur rentre dans la classe et faire participer les élèves aux tâches communes au sein de leurs établissements scolaires.
- Dès la rentrée prochaine, des commissions éducatives pourront être installées en école primaire avec des sanctions adaptées. Pour Gilles Halbout, il s’agit bien de « faire comprendre au jeune la gravité de sa faute » et de le placer « dans une logique de réparation. » Avec un travail concerté avec les parents.
- Gabriel Attal souhaite par ailleurs que les parents signent avec les établissements scolaires, à chaque rentrée, un contrat qui rappellera les droits et obligations de chacun
- Les jeunes perturbateurs pourront se voir sanctionner sur leur brevet, voir leur bac, avec une mention sur leur dossier Parcours Sup, dans le cas où ils auraient refusé d’effectuer les mesures d’intérêt général en réparation de la faute commise.
- Les jeunes en voie de désocialisation, qui traînent le soir tard, voir la nuit, pourront être contraint d’intégrer un accueil de nuit
- Sur le plan judiciaire, l’excuse de minorité pourrait être levée dans les cas les plus grave. Le conseiller justice du premier ministre soulignait qu’une loi Sarkozy prévoyait déjà des dérogations. « Les travaux diront s’il faut l’élargir. »
- Pour une sanction plus rapide des mineurs à partir de 13 ans, le ministre suggère une composition pénale sans juge. Et qu’à partir de 16 ans, ils puissent passer en comparution immédiate.
- Enfin, une large place doit être laissée à l’accompagnement, notamment à travers les cellules départementales de suivi pour la prévention de la radicalisation et l’accompagnement des familles, les CPRAF.
Autant de sujets à travailler pour mettre (ou pas) ces mesures en place sous 8 semaines, selon une méthode en trois phases : prendre « le mal à la racine (…) C’est la question des parents, des écrans, des séparatismes », puis, donner une réponse « à chaque manquement », avec « des peines, des sanctions, de la justice des mineurs », enfin, l’accompagnement des jeunes avec « la prévention, l’attention, l’environnement (…) au cœur de ce que nous voulons faire. »
A.P-L