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Les violences à La Réunion ravivent les tensions entre les deux départements français de l’OI

Le constat d’un « transfert des violences de Mayotte vers la Réunion », fait par le député LFI Jean-Hugues Ratenon auprès du préfet de l’île Bourbon, fait réagir à Mayotte. Les Forces vives lui reproche a minima un manque de « solidarité et de soutien ».  

Effrayé par la montée de violence dans son département, le député réunionnais LFI Jean-Hugues Ratenon avait écrit le 7 mars au préfet du département voisin pour l’enjoindre de « ne pas laisser La Réunion devenir le Mayotte bis en matière de violence ».  Parmi ses arguments, des affrontements se seraient produits entre bandes rivales à La Réunion, notamment avec des armes blanches proches des mchombo (machettes), des coups de feu auraient également été entendus.

Il réclame l’expulsion de La Réunion des plus violents, l’arrêt de transfert de détenu de Mayotte vers La Réunion, et « l’arrêt immédiat de la venue des enfants de Mayotte dans des familles sur notre territoire sans contrôle et qui se retrouvent à la rue ».

Un courrier au représentant de l’Etat qui intervient dans un contexte d’annonce forte du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, notamment de la suppression des titres de séjour territorialisé. Leurs détenteurs pourront alors se rendre en métropole, mais gageons que beaucoup préfèreront ne pas quitter tout à fait la zone océan Indien et se rendront à La Réunion. On comprend dès lors qu’il lâche « « J’ai peur pour mon île, j’ai peur pour notre vivre ensemble ». Mais au lieu de chercher une action concertée entre les deux départements, il ne défend que son bifteck.

Car cette montée de la violence traduit l’inaction des gouvernements successifs en réponse à l’appel au secours des mahorais alertant sur une survie dans une cocotte-minute qui allait exploser si possibilité n’était pas donnée aux migrants en situation régulière de s’échapper de l’île.

Des voisins pyromanes

Opération Wuambushu à Mayotte

Il va donc falloir réfléchir aux modalités de sortie, devront-elles être progressives pour ne pas noyer l’autre département français de l’océan Indien ? En tout cas, les propos de Gérald Darmanin devraient rassurer monsieur Ratenon, puisque, en dehors d’une vague d’arrivée lorsque la mesure sera prise, cela devrait se stabiliser ensuite en raison du durcissement annoncé de l’accès à la nationalité.

Dans un communiqué de réponse à sa supplique au préfet de La Réunion, les Forces vives de Mayotte qui ont mené le combat social de ces dernières semaines, font valoir « la solidarité et le soutien » que Mayotte, est en droit d’attendre de ses voisins. Ils reprochent d’autant plus à l’élu réunionnais de jouer solo, qu’ils lui rappellent son opposition à l’opération Wumbushu, visant notamment la sécurité et la lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte, jusqu’à qualifier cette initiative de « honte pour la France ». Et soulignent le rôle qui était le sien en tant que député face à une « violence importée » et surtout « cantonnée à Mayotte depuis des décennies, dans l’indifférence générale en dépit des cris d’alertes répétés de la population mahoraise. »

Reprochant à l’élu de gauche « une solidarité conditionnée par des intérêts politiques plutôt que guidée par les valeurs d’équité et de justice », les Forces vives ne manquent pas de revenir sur les injustices dont a pâti Mayotte, orchestrées par La Réunion. Et sans surprise, en pole position, la gestion du Fonds d’Intervention Régional (FIR) gérée par ce qui était alors l’ARSOI, une ARS partagée entre les deux départements, et pour lequelle Mayotte ne touchait que 7,5% des crédits au lieu des 25% qui lui était dû en proportion à sa démographie. Et le CHU de La Réunion en a largement bénéficié. On ne peut donc reprocher une situation qu’on a soit même créée, reproche en substances le communiqué.

Qui conclut, « Nous attendons de vous une prise de position claire en faveur d’une répartition équitable des ressources et d’un soutien inconditionnel aux efforts visant à améliorer la qualité de vie de tous les citoyens français, sans distinction de territoire ; à défaut d’excuses publiques pour tout un peuple mahorais et français que vous stigmatisez alors même qu’il est victime, à minima, d’un silence complice des difficultés qu’il traverse depuis des décennies. »

A.P-L.

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