Alors que les mahorais avaient pris l’habitude de déserter les rues à la tombée de la nuit en raison des violences sur le territoire, la mairie de Mamoudzou avait organisé une marche nocturne à destination de tous à partir de 7 ans ce vendredi soir, sur près de 7,1 kilomètres, sur les routes de la ville, rendues entièrement piétonnes et sécurisées par les forces de l’ordre.
5…4…3…2…1… Partez ! Il est 18h20 lorsque le cortège de centaines de personnes vêtues d’un tee-shirt de la ville et en tenue de sport part en descendant l’avenue Madame Foucault qui mène à la barge.
Ce qui est frappant nous dit Chanfia c’est l’heure inhabituelle à laquelle les gens marchent ce soir par rapport aux autres jours : « D’habitude à cette heure-là, je suis chez moi avec mon mari (…) On ne sort pas le soir c’est trop dangereux, on ne va même plus au restaurant. »
Cette marcheuse n’est pas la seule à avoir cet avis, d’autres participants se sont mêlés à la discussion : « Avant il y avait des embouteillages à 17h mais maintenant les gens quittent leur boulot dès 14h ou 15h, tout le monde veut rentrer tôt, personne ne veut circuler le soir en raison des violences. »
Pour Mathias, enseignant en éducation physique et sportive, « il y a tout Mayotte ce soir (…) c’est important d’avoir des événements comme celui-ci, cela créé une cohésion de groupe, on rencontre du monde, forcément il y a des gens qu’on connaît, des collègues avec qui on a travaillé, et là tout le monde est habillé en tenue de sport et on marche tous ensemble, c’est vraiment sympa. »
« Faire du sport en extérieur, à une heure où les températures sont moins élevées, en groupe et en sécurité, me manquait. C’est super, les habitants redécouvrent leur ville et les piétons se réapproprient des espaces de vie » nous a confié Emmanuelle.
En effet, alors que les forces de l’ordre et de nombreux bénévoles ont montré leur maîtrise à sécuriser progressivement le parcours sportif de plusieurs centaines de personnes, marchant à des différentes allures, à certaines intersections, les automobilistes ont dû prendre le mal en patience, notamment dans la côte Sogea ou sur le Boulevard Mawana-Madi qui mène à la barge, pour laisser passer les marcheurs en toute sécurité.
Pour Salma, cette marche a été l’occasion de faire du sport avec tous ses enfants, en famille, une activité qu’elle n’envisageait plus depuis plusieurs années en raison des violences sur le territoire : « Ce soir, on est unis dans le sport contre la violence » a-t-elle déclaré souriante.
Mathilde Hangard