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Droits des femmes par l’INSEE : une espérance de vie de dix ans inférieure au national

L’INSSE apporte sa pierre à la Journée internationale des droits des femmes. Pas seulement parce que le poste de direction s’est féminisée à Mayotte, avec l’arrivée – le retour plus exactement – de Véronique Daudin , mais parce l’Institut de la statistique publie une infographie éclairante sur le chemin à parcourir, à Mayotte plus qu’ailleurs.

Pas de nouvelles données, mais l’INSEE réactive ses chiffres clés sur la situation des femmes à Mayotte au regard de l’emploi, la scolarisation, la santé, la maternité et les violences. Il reprend notamment la note de 2022, « Les femmes à Mayotte, une situation souvent précaire, mais des progrès en matière de formation et d’emplois », en l’actualisant.

Ainsi en matière d’emploi, le Covid est passé par là, et a fait des dégâts. 2.000 emplois ont été perdus, plongeant autant de personnes dans la précarité. Et les femmes ne sont pas plus protégées : « Au 2ème trimestre 2022, 24 % des femmes ont un emploi à Mayotte », un taux très faible par rapport à l’Hexagone, 66 %. Ce taux diminue par rapport à 2019, avant la crise sanitaire du Covid, alors qu’il progressait depuis 2009, avec « 1.800 emplois créés en moyenne chaque année », alors que les arrivées sur le marché du travail sont toujours plus nombreuses. Ces pertes d’emploi ont davantage pénalisé les hommes, qui étaient 43% à avoir un emploi en 2019, et qui ne sont plus que 37%, soit -6 points, que les femmes, mais elles n’étaient que 27% à travailler officiellement et ont chuté à 24%, -3 points.

Une crise sanitaire qui a touché logiquement les créations d’entreprise, 2% de moins qu’en 2021, pour autant les femmes restent dans la dynamique, « parmi les 1.227 nouvelles entreprises individuelles, 50% sont créées par des femmes, soit plus qu’en hexagone, 45% ». Il s’agit des secteurs de la santé et l’action sociale, le commerce et les services aux particuliers. Du côté des hommes, les créations sont majoritaires dans la construction.

Grosse dégradation de santé à 60 ans

A Mayotte, les boueni sont sur tous les front, notamment pour mener les combats

L’éducation livre une donnée à la fois frustrante parce qu’elle n’est pas suivie des faits et à la fois encourageante pour l’avenir si on sait en tirer parti : A la rentrée 2020, donc il y a 4 ans, sur 4.800 élèves de Terminales, on compte 2.700 filles, donc plus de la moitié. Et elles sont largement majoritaires parmi les 2.000 Terminales générale, 64%. Si on les retrouve à 78% dans les spécialités littéraires, elles font jeu égal avec les garçons en maths. Par contre, en sciences du numérique ou de l’ingénieur, elles ne sont que respectivement, 18% et 26,3%. Les filles sont majoritaires en « management et gestion » en Bac Techno, et minoritaires en Bac Pro, « comme dans toutes les régions françaises ».

Le chapitre le plus inquiétant est celui de la santé. De manière générale, on sait que l’espérance de vie est plus courte à Mayotte que pour les standards nationaux, mais « en particulier pour les femmes », nous dit l’INSEE : en 2022, elle est de 75 ans, « soit dix ans de moins qu’au niveau national ». Ce qui permet d’accréditer les dires des femmes quand elles se sentent « âgées » et « fatiguées » à 60 ans. Surtout que, à partir de cet âge, les femmes sont en moyenne plus diminuées à Mayotte. Plus de 4 femmes sur 10 de plus de 60 ans commencent à ressentir des gênes fonctionnelles, contre 3 hommes sur 10 : difficulté à se déplacer, à monter un escalier, à se servir de ses bras ou de ses mains, à voir ou entendre, à comprendre, à se concentrer, etc.

On sait que l’obésité et l’hypertension touchent particulièrement les femmes, qui par conséquent pratiquent peu de sport, alors que c’est la condition pour retrouver une bonne santé. Des indications sont données sur les affiliations en club, mais on sait que ce n’est pas représentatif de la pratique sportive, « seules 6.900 femmes résidant à Mayotte ont une licence sportive, soit 27 % des licences. »

Dénoncer les violences sexuelles

La moitié des nouvelles entreprises sont créées par des femmes à Mayotte

Autre facteur aggravant, les grossesses multiples, « Avec 4,7 enfants par femme en 2022, la fécondité est plus élevée à Mayotte que partout ailleurs en France. L’âge moyen des mères s’élève à 28 ans, soit 3 ans de moins qu’au niveau national. Les pères sont quant à eux plus âgés (34 ans en moyenne), en lien avec un écart d’âge entre conjoints plus élevé à Mayotte qu’au niveau national. » En 2022, 470 enfants sont nés de mères mineures soit 4,4 %, dont 110 de mères de 15 ans ou moins

Au sujet des violences sexuelles, les données de l’INSEE datent, et semblent sous-évaluées, en estimant à 9% des femmes de 18 à 75 ans qui en seraient victimes au cours des années 2018 ou 2019.

On se souvient de l’étude de l’association Haki Za Wanatsa réalisée en 2022 à partir d’un questionnaire en ligne, 37% des 700 répondants disaient avoir déjà subi une agression sexuelle.

L’INSEE rappelle que ces violences sont « peu déclarées aux forces de police et de gendarmerie nationales sur le territoire mahorais. Entre 2022 et 2023, les plaintes pour violences sexuelles et intrafamiliales sont stables. »

A.P-L.

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