Jeudi 1er février, aucun service de transport scolaire n’a pu être assuré en Grande-Terre en raison des blocages. Seuls les élèves résidant à Petite-Terre, et y étant scolarisés, ont pu être acheminés.
Le directeur de l’entreprise de transports Transdev Mayotte, Frédéric Delouye a expliqué que les bus scolaires n’étaient pas autorisés à franchir les barrages érigés depuis deux semaines sur l’île. Cette situation complique d’autant plus la vie des élèves habitant loin de leur établissement scolaire.
Une enseignante du Lycée des Lumières de Kawéni nous confie que de nombreux élèves de ses classes marchent plusieurs kilomètres à pied matin et soir, pour tenter de venir en classe et rejoindre leur domicile, malgré le contexte extrêmement instable sur l’île : « On a en classe uniquement ceux qui peuvent se déplacer à pied ou qui ont de l’argent pour payer un taxi, mais cela dépend d’où viennent les élèves. »
En plus d’être bloqués sur l’île face aux barrages, les transports scolaires rencontrent également de nombreuses difficultés techniques : « Sur les trois-cent véhicules du réseau, tous ne sont pas approvisionnés en carburant, les bus n’ont plus accès aux plateformes de maintenance, les véhicules et leurs équipements ne peuvent donc pas être contrôlés pour que leurs activités puissent être réalisées en toute sécurité. » Le directeur de Transdev a prévenu que « ces difficultés retarderont la reprise optimale du service des transports scolaires lorsque les barrages seront levés. »
Depuis deux semaines, il demeure très difficile de circuler sur les routes, mais également sur l’eau. En effet, en raison des blocages des routes, le trafic des barges était fortement perturbé, faute d’agents suffisants pour permettre un trafic fluide des barges. Depuis jeudi, les barges sont à l’arrêt, en raison de la mobilisation du collectif des citoyens de Mayotte. Le trafic des barges est ainsi complètement interrompu. Seuls certains véhicules, notamment de sécurité et de secours, sont autorisés à emprunter une barge dédiée.
En revanche, pour l’ensemble des habitants de Mayotte et notamment les voyageurs devant se rendre à l’aéroport de Dzaoudzi, cet arrêt des barges n’est pas sans générer de stress.
Pour y pallier, certains prestataires bateau proposent des trajets (aller-retour) pour relier le ponton de Mamoudzou à Dzaoudzi. Vendredi 2 février, nous avons emprunté un de ces taxis-bateau (« taxi boat »). Le coût aller de cette traversée coûtait 10 euros par passager et 5 euro par valise transportée. Certains passagers ont déclaré que ce tarif était très élevé par rapport au prix habituel d’un ticket de barge (aller-retour), qui est de 0,75 centimes par passager, sans considération de bagage.
Le prestataire que nous avons rencontré nous a expliqué que ce tarif avait été réévalué à la hausse (passant de 5 euros par passager à 10 euros par passager) en raison d’une agression physique dont un agent nautique avait été victime. En effet, des passagers, très en colère de la situation et de l’organisation mise en place, auraient blessé un agent nautique à la jambe. Pourtant, lorsque nous avons emprunté cette navette maritime, notre temps d’attente n’a pas été plus long que le temps d’attente d’une barge.
Cependant, ce tarif réévalué à la hausse sous-entendrait que les passagers prêts à payer un tarif plus élevé pour se déplacer seraient plus disciplinés. Cela reste encore à prouver…
Mathilde Hangard