La commune de Koungou a été un des épicentres des violences commises sur les routes ce lundi. Si les automobilistes n’ont pas eu trop de mal à partir travailler tôt le matin, les choses se sont gâtées ensuite. Comme un peu partout, la population et les collectifs avaient décidé de bloquer la circulation pour protester contre l’insécurité quotidienne, et comme un peu partout, des jeunes et moins jeunes ont fondu sur ce désordre ambiant comme des rapaces, profitant de la situation pour enchainer des violences qui semblent à chaque fois aller crescendo.
Un habitant de la pointe de Koungou qui partait travailler en voiture ce lundi matin à 10h30, a été violemment agressé au niveau de la jonction avec la RN. Une pierre a brisé les vitres du véhicule, il a reçu des coups de fer à béton, sur la tête et sur le bras, après avoir été extirpé de son véhicule. « Je ne sais pas comment j’ai fait pour revenir chez moi au volant de ma voiture », nous expliquait-il, le visage ensanglanté et encore sous le choc, même plusieurs heures après. La plaie profonde sur le crâne aurait nécessité des soins immédiats, mais les pompiers indiquaient ne pas pouvoir se déplacer, et les gendarmes étaient monopolisés sur plusieurs points de blocage, insuffisamment nombreux pour répondre présent partout et libérer la chaussée. Jugeant que l’état de santé du blessé nécessitait un transfert d’urgence vers l’hôpital, un habitant rappelait une nouvelle fois le 17… et tombait sur la police nationale de Paris, à qui il a aussitôt expliqué la situation !
Finalement, deux voisins, l’une infirmière, l’autre médecin, ont pu pratiquer les premiers soins, mais n’avaient pas de matériel médical pour effectuer des points de suture. Ce n’est que vers 15h qu’une voiture banalisée de gendarmerie – « nous sommes en mode furtif », nous déclaraient-ils – a pu escorter le véhicule transportant le blessé jusqu’à l’hôpital, non sans danger puisqu’il leur a fallu passer de multiples barrages, avec jets de grenades lacrymogène contre jets de pierres. Le blessé a pu être pris en charge par les urgences vers 16h. Un épisode qui pourrait relever d’une scène de conflit.
Même le recteur…
Toujours dans la matinée, un homme qui passait à pied entre Majikavo Koropa et Koungou, a été agressé par des adultes cette fois, qui l’ont copieusement caillassé en criant, « tue-le, c’est un africain ! », nous rapporte-t-il.
Un peu plus tard, des jeunes par paquet de 30 se sont affrontés, les uns se revendiquant de Majikavo, les autres de Koungou. Des barrages étaient érigés toute la journée. Un scootériste habitant Koungou a été renversé et caillassé, et se faisait dérober son téléphone et son deux-roues.
Désirant se rendre au collège de Koungou, violemment attaqué il y a quelques jours, le recteur Jacques Mikulovic a également été agressé, heureusement sans gravité nous rassurait-il.
Comme partout à Mayotte, les tirs de gaz lacrymogène ont retenti jusque dans la soirée, on espère que le stock de la gendarmerie tiendra les assauts sur les routes le temps nécessaire !
Les consignes données par la gendarmerie pour passer ne valait en fiabilité que quelques minutes en raison de l’extrême mobilité des jeunes qui agissent dans un déchainement de haine que rien ne semble pouvoir contrôler.
Avec toujours la même question, si l’Etat nous doit la sécurité, comment inquiéter judiciairement les parents pour qu’ils gèrent leur progéniture ?
Les habitants qui ont subi les violences tout en allant travailler, n’ont qu’une question, vont-ils pouvoir aller se rendre sur leur lieu de travail ce mardi ? On espère une prise de parole rassurante de la préfecture avec des indications claires.
A.P-L.