La situation géographique de Chiconi et son foncier auraient tendance à la préserver des faits de délinquance
Réputé pour son calme, sa baie et ses événements culturels comme le festival Milatsika ou encore celui du Geste, le village de Chiconi est pour l’instant un peu près épargné par les récents événements de violence qui gangrène notre île. Même si comme le reconnait le maire de la commune, Mohamadi Madi Ousseni, tout n’est pas parfait. « Nous rencontrons les mêmes difficultés que dans les autres communes mais à une moins grande échelle et avec des faits de violence moins importants ».
Selon lui, cela serait dû notamment à la position géographique de la commune et à son foncier. « Chiconi est un petit village isolé entre Sada, Ouangani et Tsingoni… De plus le potentiel foncier est très restreint… Tout cela fait qu’il n’y a quasi pas de bidonvilles et donc pas d’habitat informel. Je pense que cela nous épargne un peu de la situation que connaissent d’autres communes de l’île, même s’il y a aussi à Chiconi une petite délinquance mobile avec parfois des tensions sur certains points sensibles. Les difficultés existent mais elles sont moindres », résume le maire.
Bandrélé mise sur la communication pour lutter contre les violences
« Pour l’instant on touche du bois, ça reste assez calme en dépit d’une situation compliquée. Aussi, je ne veux pas trop m’avancer », indique Ali Moussa Moussa Ben, maire de Bandrélé. Depuis maintenant quelques temps la commune a fait le pari de communiquer régulièrement avec la population. « Nous avons mis en place des dispositifs afin que les élus, les notables, les jeunes puissent se rencontrer et échanger. En outre, nous avons des réunions mensuelles avec la gendarmerie, le collège, la Croix-Rouge et le Département afin de faire un point régulièrement pour anticiper sur les actions à mener en cas de souci ou de situation particulière ». Le maire de Bandrélé s’appuie également sur les personnalités importantes de la commune pour faire passer un message ou pour régler un problème entre villageois. « Je discute régulièrement avec les notables et les personnalités religieuses, mais aussi avec la jeunesse. Je reste prudent mais pour l’instant ça fonctionne pas trop mal ».
Confronté à de nombreuses destructions illégales présentes sur sa commune, Ali Moussa Moussa Ben plaide pour le dialogue. Ainsi, pour l’instant, les opérations de résorption de l’habitat insalubre (RHI) se sont bien passées. « Pour cela je communique ! Je suis par exemple aller voir la communauté anjouanaise et je leur ai expliqué que c’était pour le bien de tout le monde. J’essaie d’imaginer des solutions et de rechercher les meilleurs compromis », insiste-t-il. Toutefois le maire fait remarquer que « souvent dans les endroits où il y a une forte concentration de personnes en situation illégale cela entraine des incidents ».
La sociologie des habitants de Sada contribue à son calme
« Hormis la nuit d’émeute qui s’est déroulée il y a de cela plusieurs semaines, la commune est calme et il y a très peu de nuisances, se félicite l’édile de Sada, Houssoumadine Abdallah. Sada est l’une des premières communes de l’île à avoir eu des écoles, sans compter les madrassa. Ici l’Éducation est une priorité. C’est une ville traditionnelle, culturelle, qui est protégée par son histoire, si bien que l’on est un peu épargné par la délinquance ». Depuis son élection, le maire a tenu à impliquer les parents dans l’éducation des enfants. « Nous sommes vigilants… Quand il y a une bagarre devant le lycée ou devant le collège nous convoquons les jeunes avec leurs parents afin de les rappeler à l’ordre. Nous tenons à les sensibiliser en étant un maximum sur le terrain. Nous faisons ainsi un travail de fond avec la gendarmerie et les associations pour calmer le choses ».
Si la situation est assez calme à Sada c’est aussi, sans doute, en raison des nombreux investissements qu’a fait la municipalité, comme le terrain de foot en synthétique, la future Maison France service, la montée en puissance de la police municipale, etc. « Je pense que les investissements entrepris ces derniers temps contribuent aussi au bien-être de la population », insiste le premier magistrat de la commune.
Pamandzi facilite la collaboration entre toutes les parties prenantes
Depuis 2020, la commune de Pamandzi a renforcé les contrôles faits par la gendarmerie tout en travaillant en amont avec elle, c’est ce qu’explique le maire, Madi Madi Souf. « Je me suis entendu avec la gendarmerie afin qu’elle augmente les interpellations et qu’elle diminue les bombes lacrymogènes pour ne pas augmenter l’hostilité de la population. Depuis nous n’avons pas plus de problèmes particuliers par rapport aux autres municipalités. Je pense que les communes en zone gendarmerie maitrisent mieux la délinquance… ». Le maire met ainsi en avant le travail collaboratif entrepris avec l’ensemble des acteurs. « La police municipale travaille étroitement avec la gendarmerie. Par ailleurs, les polices municipales de Labattoir et de Pamandzi font des patrouilles communes. Ainsi, nous travaillons ensemble ce qui nous permet de mutualiser les moyens, comme par exemple la vidéo surveillance qui est installée dans nos deux communes. Cela permet de diminuer la délinquance », assure-t-il.
Aussi, chaque lundi des réunions ont lieu avec la police et la gendarmerie afin d’envisager les actions communes à mener comme des patrouilles, des contrôles, etc. Concernant les personnes en situation illégale, le maire joue la carte de l’apaisement. « On fait attention… Nous faisons beaucoup de prévention mais nous envoyons la police municipale pour les dissuader quand cela est nécessaire. Même s’il y a eu un laisser-aller concernant la politique migratoire, elle reste néanmoins difficile à maitriser ».
Ainsi la délinquance varie d’une commune à l’autre en fonction de la situation géographique, de la sociologie des habitants, de la densité de population, de la promiscuité, de l’insalubrité, … Mais surtout de la mise en place par les maires de politiques volontaristes de lutte contre cette délinquance et de dispositifs favorisant le vivre ensemble.
B.J.