Acoua, une commune confrontée à de multiples défis, marquée par des catastrophes naturelles
Située au nord-ouest de Mayotte, la commune d’Acoua ne compte que près de 5.200 habitants, faisant d’elle la plus petite commune de l’île. Mais c’est aussi ici, que l’on peut observer « une des plus belles baies de Mayotte », commente Yves-Michel Daunar, directeur général de l’EPFAM.
Pourtant, face aux lumières exceptionnelles du lagon, on a du mal à imaginer que cette commune a été le théâtre de plusieurs catastrophes naturelles, comme de forts glissements de terrain, des chutes de blocs rocheux, des secousses sismiques, des dégâts multiples causés par le cyclone Hélène en 2014, jusqu’à de fortes inondations, comme celles de 2021, où des quartiers entiers avaient été emportés par les pluies, rappelle avec émotion Marib Hanaffi, Maire d’Acoua.
« C’est la commune de France la plus fortement exposée à des risques naturels. Elle est prise en étau entre le lagon et des pentes extrêmement escarpées ! » précise Vincent Duponchel, Directeur aménagement urbain à l’EPFAM.
La main forte de l’établissement foncier pour la résilience d’Acoua
Pour protéger sa population, la Municipalité d’Acoua s’est tournée vers l’EPFAM, qui a sorti sa carte « DUP » travaux, déclaration d’utilité publique, permettant de réaménager des terrains privés, en expropriant, au nom de l’utilité publique.
Exproprier pour mettre à l’abri des habitants en situation de vulnérabilité extrême
« La clé d’entrée de ces projets c’est la résilience », nous confie Vincent Duponchel.
Les objectifs techniques suivis par l’EPFAM consistent à réaménager des terrains soumis fréquemment à des aléas naturels dangereux. D’un point de vue environnemental, cela consiste également à renaturer des zones inondables et des franges littorales.
Les moyens déployés sont considérables, allant de la mise à l’abri des habitants de logements situés en zone inondable, à la construction de logements neufs, d’équipements publics « résiliants », des voies de circulation permettant de faciliter les mobilités douces, jusqu’à la renaturation du littoral.
Mais la question que tout le monde se pose ce matin est « quand vont démarrer ces travaux ? » Vincent Duponchel rappelle que ce projet a nécessité un temps conséquent d’études environnementales, sociales et économiques. Les années 2024 et 2025 vont permettre de finaliser ces études, ainsi que les dossiers règlementaires et fonciers, permettant de débuter les travaux.
Daniel Abdou, 1er Adjoint au Maire en charge de l’aménagement l’affirme : « Cette signature ne clôt pas le projet, elle l’ouvre ! C’est là que tout commence ! »
Mais à quel prix ?
L’enjeu commun de la Municipalité d’Acoua et de l’établissement foncier est de composer d’une part, avec ces risques naturels, en adaptant d’autre part, le système urbain pour limiter au maximum les impacts humains et matériels.
Abdoul Kamardine, 1er vice-président du conseil d’administration de l’EPFAM et conseiller départemental de M’tsamboro, l’atteste : « Ce réaménagement n’est pas simple mais le challenge mérite d’être porté. »
Cependant, comme le confirme le Maire d’Acoua, « il faudra déplacer des gens vivant en zone inondable et proposer des relogements ».
Mais comment ? Dans quels délais ? Et qui pourra en bénéficier ? On connait bien souvent la réponse, et on s’inquiète du sort de certaines populations qui ne pourront être éligibles à ces logements.
Mathilde Hangard