Pour cette seconde campagne mahoraise, le Réseau Diabète (Rédiab) Ylang 976 n’a pas opté pour des chapiteaux bien visibles ayant pignon sur rue mais plutôt une approche stratégiquement plus discrète et tout aussi efficace, soutenue par un schéma territorial composé de 15 pharmacies partenaires. Après un lancement légitimement médiatisé et en fanfare, malgré les conjointes et complexes autres actualités qui touchent notre île, la patientèle a répondu présente mais à mi parcours, l’affluence se voudrait plus modérée et cela est bien regrettable. Regrettante ! Mais pourquoi ? Eh bien parce que cette maladie métabolique n’a de cesse de poursuivre sa fulgurante croissance et qu’elle fait tristement partie des 10 premières causes de décès et d’incapacité à échelle planétaire, selon les données de l’OMS*.
Touchant sans aucune distinction préférentielle aussi bien les hommes que les femmes, le diabète c’est 500 millions de personnes touchées à travers le Monde avec un indice inquiétant de précocité de plus en plus élevé. Les jeunes générations ne sont pas épargnées et le dernier programme international de recherches du Global Burden of Diseases fait état d’une estimation de 1,3 milliard de cas d’ici 2050. À échelle plus franco-chauvine, les personnes traitées pharmacologiquement pour tous types de diabètes, étaient 3,8 millions en 2022 selon les données de Santé Publique France et bien que la tendance mondiale se veuille plus marquée en défaveur de la gente masculine senior, il s’avère que la balance, en plus de s’alourdir, s’inverse en nos contrées ultramarines, tant sur le sexe que la tranche d’âge.
Le continent africain médaillé d’or des diabètes non diagnostiqués
À l’occasion de la Journée mondiale du diabète qui s’est déroulée le 14 novembre dernier, il fut mis l’accent, cette année — dans la lignée de la campagne 2021-2023 — sur la thématique de « l’accès aux soins » avec en prime, un gros point bonheur sur la nécessité de prioriser la dynamique préventive. En 2022, toujours selon les études officielles de l’OMS, ’’l’Afrique était la première région du Monde pour le diabète non diagnostiqué’’. Seules 46% des personnes diagnostiquées connaissaient leur état et ces données n’ont guère évolué.
« L’un des plus grands défis de la prise en charge du diabète est le manque de diagnostic. Sans dépistage, le diabète devient un tueur silencieux », avait déclaré aux Nations-Unies, l’année passée, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, la Docteure Matshidiso Moeti. Et de par son indirecte promiscuité géographique, culturelle et culinaire, notre île aux parfums de mabawa, de goula-goula, de jus industriels bien sucrés et de sodas, n’est malheureusement pas en reste. Les dernières données officielles à Mayotte, datant de 2019, faisaient état que 17,7% des adultes âgés entre 30 et 69 ans étaient touchés par un diabète (soit 1 personne sur 6) et que près de la moitié de ces diagnostiqués ne connaissait pas sa situation; ce qui laisse présager que l’ampleur de l’enjeu sanitaire est plutôt conséquente pour ne pas dire titanesque.
Mieux vaut dépister et prévenir…
Maladie chronique, il existe principalement 2 sortes de diabètes. Appelé diabète de type 1 ou insulinodépendant, cette maladie auto-immune cible principalement la destruction des cellules du pancréas en charge de produire naturellement de l’insuline (hormone régulant le taux de glucose dans le sang). En l’absence de ces cellules, le glucose vient de fait s’accumuler de manière trop importante dans le sang. Le diabète de type 2, alias non insulino-dépendant, plus répandu — 92% des cas de diabète — concernerait une cible plus âgée, présentant des problèmes d’obésité et/ou une hygiène de vie compliquée et paraîtrait vers les 40 ans; pour être en moyenne diagnostiqué vers les 65 ans.
Et oui, là est toute la ’’vicieuserie’’ de la chose; on peut très bien vivre les premières années avec un diabète sans pour autant le savoir et d’autant plus, si on n’a pas fait la démarche de se faire diagnostiquer. Et lorsque certains symptômes se font connaitre, la maladie est bien souvent à un stade avancé. Donc pour résumer très grossièrement la chose : Type 1 Diabète sucré, Type 2 Diabète gras ! Dans tous les cas, on se fait diagnostiquer.
Communication, Sensibilisation et la chasse aux manzarakas !
Pleinement soutenue par l’ARS et son directeur Olivier Brahic, cette campagne est aussi un moyen d’introduire, telle la partie immergée de l’iceberg, une réelle problématique de Santé publique à Mayotte pour laquelle il faut mobiliser la population et éveiller les consciences. Dans le collimateur de Rédiab Ylang et de son président, Said Kambi Said, toute cette culture du gras, du sucré et de la sédentarité : « J’ai vraiment envie d’attaquer symboliquement ces manzarakas. Si cela n’est pas un danger évident pour l’adulte, il l’est pour les enfants. Ces cartons de boissons sont une catastrophe et nous savons qu’elles finiront dans le ventre des enfants. On crée de plus en plus tôt cette dépendance au sucre et les ravages sont là; les cas de diabète de type 2 touchent de plus en plus les jeunes populations. ». Même s’il n’est pas question de totalement réprimer et révolutionner tout un mode de vie, une réflexion est déjà menée pour appuyer tout au long de l’année les préventives actions de terrain, aussi auprès des CCAS et pourquoi pas envisager des opérations de dépistage du diabète non pas en approche coup de poing annuelle mais plus soutenues, à la fréquence mensuelle, voire hebdomadaire.
Dans une bienveillante ambiance de proximité, les personnes désireuses d’aller se faire dépister peuvent se rendre gratuitement et de manière totalement anonyme dans l’une des 15 pharmacies partenaires de notre île (cliquez sur lien). En plus d’un accueil bienveillant et de proximité, vous pourrez constater que l’examen est d’une incroyable simplicité, rapide et quasi indolore. Point positif à l’arrivée, vous en saurez un peu plus sur votre état de santé alors n’attendez plus. Ça ne coute rien, au mieux, de se rassurer, au pire, d’être accompagné et soigné.
MLG