Une dissolution pourrait « sacrifier la refondation de Mayotte » avertit Manuel Valls

Le ministre démissionnaire des Outre-mer, Manuel Valls, a accordé un entretien à nos confrères du Figaro dans lequel il met en garde sur les conséquences néfastes qu’entrainerait une dissolution de l’Assemblée nationale pour l’avenir des territoires ultramarins, et notamment la question de la refondation de Mayotte.

Suite aux démissions de François Bayrou et de Sébastien Lecornu, les sujets importants de la République sont laissés en suspend et le cas des Outre-mer ne fait malheureusement pas exception malgré les nombreux problèmes et défis à relever.

Les Outre-mer en première ligne ?

Manuel Valls souhaite à tout prix éviter la dissolution car elle empêcherait de mener à terme tous les chantiers engagés pour près de 3 millions de Français vivant dans les territoires ultramarins : « Voulons-nous vraiment dissoudre l’effort engagé pour nos Outre-mer depuis plus de 9 mois ? », s’inquiète-t-il. En outre, une possible dissolution de l’Assemblée nationale pourrait, selon lui, mettre en péril la refondation du 101e département, comme il le raconte dans le Figaro.

Mayotte, Valls, VO, Préfet, outre-mer,
« Les Outre-mer ce sont d’abord des urgences à gérer », estime Manuel Valls

« Provoquer une dissolution, ce serait ensuite sacrifier la refondation de Mayotte. Depuis plus de 9 mois, nous avons engagé un effort inédit pour cet archipel de l’océan Indien, frappé de plein fouet par le cyclone Chido en décembre 2024 et fragilisée de longue date par un sous-développement de ses infrastructures et par une immigration incontrôlée. Deux lois ont été adoptées pour accompagner la reconstruction et engager la refondation du territoire, programmant près de 4 milliards d’euros de crédits sur 6 ans. La dissolution et l’absence de budget pourraient empêcher de traduire ces engagements dans les faits, au sein de la loi de finances ».

De plus, pour le ministre démissionnaire, la dissolution fragiliserait les actions menées auprès de l’Union européenne « Ce serait, enfin, remettre en cause les efforts que nous menons au niveau européen pour que les spécificités des territoires ultramarins soient mieux prises en compte par le droit communautaire, à travers une adaptation des normes qui permettrait une meilleure intégration dans leur espace régional », explique-t-il dans les colonnes du Figaro.

Une dissolution pourrait impacter le rôle de la France dans l’océan Indien

Dans l’océan Indien, la France participe activement aux organisations régionales, notamment l’Association des États riverains de l’océan Indien (IORA), à laquelle elle a adhère comme membre à part entière, ou encore à l’Initiative pour les océans Indien et Pacifique (IPOI), qu’elle a rejointe en 2021 ; mais surtout la Commission de l’océan Indien (COI), dont elle assurera la présidence en 2026-2027. En tant qu’État riverain, elle est également membre de plein droit du Symposium naval de l’océan Indien (IONS). La France est également active au sein des organisations régionales de gestion des pêches (ORGP), telles que la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI).

VO, visite officielle, Mayotte, Emmanuel Macron,
La France assurera la présidence de la Commission de l’océan Indien (COI) en 2026-2027

En tant que membre de la COI, la France souhaite étoffer les coopérations en faveur du développement durable de la région. Elle engage aussi des moyens humains et navals dans le programme Safe Seas Africa, financé par l’Union européenne, qui vise à rendre opérationnelle l’architecture régionale de sécurité et sûreté maritimes mise en place par les accords MASE dans l’océan Indien, en renforçant les capacités des centres d’information maritime régionaux et la coordination opérationnelle. Elle soutient également la mise en œuvre de la Vision de l’IORA pour l’Indopacifique (IORA’s Outlook on the Indo-Pacific), via un appui financier de l’AFD au plan d’action 2024-2027 de l’organisation.

La France joue ainsi un rôle important pour la coopération et le multilatéralisme régional dans l’océan Indien. Aussi, une dissolution pourrait entrainer de lourdes conséquences dans cette zone mais également dans les autres régions du globe où la France à des territoires, comme le souligne Manuel Valls dans le Figaro : « les Outre-mer n’ont pas besoin seulement de gestion administrative, mais de transformation politique. C’est une tâche qui ne peut tolérer l’instabilité, l’absence de budget et la perte de temps que provoquerait une dissolution (…) Quant à son issue, ni la France en général, ni nos compatriotes ultramarins en particulier n’ont un quelconque intérêt à une victoire du Rassemblement national au regard de son histoire, de son programme et de sa vision du monde ».

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