« Aujourd’hui, c’est une journée d’écoute des aidants familiaux afin que nous puissions trouver tous ensemble des solutions adaptées à leurs besoins réels », déclare Madi Velou, 7ème vice-président du conseil départemental chargé du social. De nombreuses associations étaient là ce mercredi matin pour écouter les doléances des aidants familiaux, dont la délégation nationale de l’APAJH (Association pour Adultes et Jeunes Handicapés), présente pour cinq jours sur l’île au lagon afin de faire un état des lieux des structures existantes. Des représentantes de l’ARS et de la préfecture étaient là également pour écouter les aidants. « L’objectif de cette journée est de libérer la parole, de mettre en lumière ce que vivent les aidants », précise Djamila Mikidadi, la représentante de l’ADAFM (Association d’Aide aux Aidants Familiaux).
Pour le moment un constat s’impose : il n’existe presque rien pour aider les aidants familiaux à Mayotte. Ces derniers n’ont donc aucun répit. Morgane Hiron, déléguée générale du collectif « Je t’aide », est intervenue en visio pour donner ce chiffre national alarmant : « 75% des aidants déclarent être stressés et épuisés dans leur quotidien ». A Mayotte, nous n’avons pas les chiffres, mais c’est sans aucun doute bien pire. Une mère de deux enfants handicapés n’a pas hésité à faire le déplacement de Boueni pour demander de l’aide aux associations ce mercredi matin. Une autre, maman d’un enfant aveugle, a littéralement crié son désespoir face au manque de structures pour aider les enfants en situation de handicap sur le territoire. « Il n’y a rien ici, j’ai dû quitter le territoire à de nombreuses reprises pour aider mon enfant. On nous fait toujours de belles promesses, mais il n’y a jamais rien de concret », déplore-t-elle.
Recueillir les besoins pour créer des structures d’aide
Les associations comme les officiels sont bien embêtés lorsqu’il s’agit de décrire ce qui existe aujourd’hui sur le territoire pour offrir un répit aux aidants. Il existe bien une plateforme d’entraide pour l’autonomie située rue du commerce à Mamoudzou, mais elle règle principalement les problèmes administratifs liés aux droits des personnes âgées ou en situation de handicap et n’est nullement un endroit d’accueil. Faïza Saïd Oma, la coordinatrice de cette plateforme nous explique qu’un appel à projet est en cours pour créer un accueil de jour qui permettrait aux aidants de se reposer un peu. « Le travail est en train de se faire, mais tout est encore en construction dans le domaine du handicap à Mayotte », tente-elle d’explique à Mme Assimini, la maman de l’enfant aveugle, qui n’a pas hésité à lui faire part de sa colère à la sortie de l’hémicycle, faute d’avoir osé le faire en public.
Cet évènement aura au moins permis de soulever la question, chose qui n’était même pas pensable il n’y a pas si longtemps à Mayotte à cause du tabou que constitue le handicap. Les choses prendront encore un certain temps avant de se mettre en place car le territoire attend des financeurs pour s’engager dans cette cause. Toutefois, le tabou commence à se briser et les familles osent davantage parler de leurs difficultés, comme les nombreuses interventions de ce mercredi matin l’ont démontré. Le premier pas est donc franchi.
Nora Godeau